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REMEZOV HILARION SEMIONOVITCH (vers 1900- après 1958)

Hilarion Semionovitch Remezov était un jeune enseignant né au bord de la Volga, quand la police des tsars le chasse de Russie avant la première guerre mondiale. Mince et plutôt petit, il avait le regard malicieux derrière des lunettes rondes et le rire facile qui apprivoisait vite les enfants. 

Remezov vers1929   La "Chênaie", maison de Remezov à Richelien, vers 1950

C’est à Lausanne qu’il devint l’ami des Parchet, ma mère et mon beau-père, son deuxième mari.  J’ai un vague souvenir des leçons de russe qu’il me donnait, puis de ses rares visites quand il s’installa définitivement au hameau de Richelien s/Versoix(Genève).

Ecrivain, il était devenu imprimeur à la rue de Hesse et journaliste à la Société des Nations. Des écrivains célèbres l’invitaient souvent, à Capri chez Maxime Corki, à Villeneuve chez Romain Rolland. Il connaissait tous les milieux, même Georges Oltramare de l’extrême droite.

Pour moi c’était la fête de le revoir. Et tout spécialement quand il m’invita à un bal à l’Hôtel Métropole. Encore écolière, j’allais à Genève pour la première fois – cinq heures de bateau ! Très vague souvenir des fastes du Métropole, sauf d’avoir été présentée par Remezov à Stresemann, chancelier de l’Allemagne socialiste de l’époque.
Tard dans la nuit, Remezov me dit : « Maintenant on va chez moi ». Avec Mlle Birchmeier, son amie d’alors, on arriva je ne sais plus comment, dans le mystérieux chalet en pleine forêt, où chantait le rossignol parce que c’était le printemps. Il faisait très sombre, l’électricité ne fut installée plus de 20 ans après, en 1946. L’enchantement de ce coin féérique ne disparut pas du jour au lendemain. Les grands chênes, quelques sapins, des bouleaux, des buissons d’églantiers, une jungle romantique autour du chalet et de sa véranda vitrée, en bois comme le pavillon. Pour moi, c’était la nature dont je rêvais, la poésie sans chichis.
Rentrée à Lausanne, mes parents me laissèrent parler, raconter ce court séjour de rêve. Eux aussi voulurent voir la propriété de Remezov. Et la découvrant, eux aussi furent émerveillés, d’autant que Richelien rappelait à ma mère son Ukraine natale. Remezov finit par céder et les Parchet achetèrent la propriété en 1929.

Ce n’est que des années plus tard que je revis Remezov dans la cabane où il s’était replié avec 1 ou 2 ruches.

Remezov près de ses ruches,  en 1926        La cabane à Richelien

Encore quelques années passèrent et je rencontre par hasard Remezov dans un bistro des Pâquis. A l’entresol minable de cette maison il attendait, vieux, usé, plus tuberculeux que jamais, de rentrer au pays. C’est vers 1958 que l’URSS le reçu à bras ouvert. C’est de la maison de retraite des savants, à Léningrad qu’il m’écrivit plusieurs fois. Il paraissait heureux et c’est bien ce qu’on pouvait lui souhaiter, après les années de bonheur vécues grâce à lui à Richelien. G. Savary

Texte tiré d'un récit d'Ina Marek (1906-2005)

Hilarion Semionovitch Remezov à écrit plusieurs ouvrages dont:

La question agraire en Russie – 1918 - in "La Russie libre."
Une commune presque anarchiste en Russie, trad. G. Brocher.
La commune de Mamouykine. Russia - 1926
Manuel russe pour les français : nouvelle orthographe - Payot, 1929.
L'école du travail en U.R.S.S. - Imp. Moderne, 1932.
La mémoire du temps chez les abeilles - Genève : Imprimerie Nouvelle 1938

 



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