recherche
VITESSE

Dans le Journal de Genève du 7 août 1899:

M. Dégallier, maire de Versoix, nous prie de reproduire la lettre suivante qu'il adresse à la Revue du T.-C.-S.:

Le numéro 10 de la revue du T.-C.-S. rappelle que la municipalité de Versoix exige des propriétaires d'automobiles une allure correspondant à celle d'un « homme au pas. » Permettez-moi, monsieur, de trouver regrettable votre façon de porter celle mesure à la connaissance des intéressés ; en effet, vous invitez messieurs les chauffeurs et cyclistes à « répondre du tac au lac »! ! ! Que signifie celle menace ? Dans les deux lettres que nous avons eu l'honneur de vous adresser, nous vous expliquons que Versoix n'a qu'une seule artère principale, très étroite à de certains endroits, et que, notamment à la sortie des 300 enfants de nos écoles, « y aurait un véritable danger à traverser le bourg à une allure autre que celle du pas. Notre invitation est donc exclusivement dictée par la prudence, et commandée par la responsabilité qui nous incombe. Du reste, dans la conférence intercantonale qui vient d'avoir lieu à Lausanne (& laquelle un représentant de l'A.-C.-S. assistait) aux fins d'élaborer un règlement sur la matière, il a été pris la décision suivante : « Dans la traversée des villes, villages et hameaux, la vitesse ne pourra en aucun cas dépasser huit kilomètres à l'heure, soit celle d'un cheval au trot ; les conducteurs devront réduire cette vitesse à celle d'un homme au pas, sur 'es ponts, dans les passages, rues étroites, contours et partout où le département de justice et police aura ordonné cette allure.

                        

M. A. Terond, président de l'Automobile-Club, nous écrit :

En réponse au communiqué de M. Dégallier, maire de Versoix, paru, sauf erreur, dans votre numéro de samedi dernier, je viens vous prier de bien vouloir insérer ces quelques lignes, qui mettront, je l'espère, fin à celte guerre ouverte que la municipalité de Versoix a déclarée aux automobilistes. M. Dégallier me reproche la façon dont j'ai cru devoir apprécier les mesures prises par lui vis-à-vis des cyclistes et chauffeurs, en forçant ces derniers à traverser Versoix à l'allure d'un homme au pas, et croit voir une menace dans mon appel aux cyclistes el chauffeurs les invitant à répondre du « tac au lac ». Mon but était simplement d'attirer l'attention de toutes les sociétés de cyclistes et tous les membres de l'A. C. S., sur le fait que, si les différentes municipalités des communes du canton venaient à suivre l'exemple de Versoix, la circulation sur le territoire genevois serait rapidement impossible à tout autre qu'aux piétons. Or, si notre département de justice et police autorise à Genève l'allure de huit à dix kilomètres à l'heure, dans les rues de la ville, pourquoi, à Versoix, serions-nous tenus de marcher à une allure ridicule ?Il va de soi que tout chauffeur ralentira sa vitesse pour traverser les villages, hameaux et agglomérations, et que s'il se trouve enlace d'une sortie d'école, même de moins de 300 enfants, il saura prendre de son propre chef les mesures voulues pour éviter un accident. Il est bon de rappeler que c'est l'A. G. S. qui a demandé un règlement sur la circulation, et que l'avant-projet de ce règlement, paru il y a peu de jours, est presque dans son entier rédigé d'après les données de notre comité. Nous avons demandé une allure plus modérée que celles autorisées à Paris, Londres et Bruxelles, c'est assez indiquer que nous cherchons tous les moyens de conciliation entre piétons el chauffeurs. Je désire encore rappeler à M. Dégallier, maire de Versoix, à ses administrés, ainsi qu'à tous les piétons craintifs, que les freins des voitures automobiles sont tellement puissants que même lancés à une allure de 20 kilomètres à l'heure, nous pouvons bloquer sur un espace de deux ou trois mètres, el que par conséquent, si nous marchons à 10 kilomètres, il ne faut pas plus de 1 mètre à 1 m. 5 pour nous arrêter. Enfin et pour terminer, M. Déballer cite le passage du règlement où il est dit : « Les conducteurs devront réduire la vitesse à celle d'un homme au pas sur les ponts, passages, rues étroites, contours el partout où le département de justice et police aura ordonné celte allure. » A ceci, je me permets de demander à M. Dégallier si l'arrêté pris par lui a été soumis au département de justice et police et ratifié par ce dernier.



<< retour