recherche
DEBOURGOGNE A LA CHASSE

Elie Debourgogne était fermier à la ferme de Saint-Loup, à son décès en 1913, sa veuve et ses enfants poursuivirent jusqu'en 1923. Plusieurs membres de cette famille ont eu des activités au sein du Conseil municipal, de l'Union instrumentale et de la Paroisse protestante.

Marc Debourgogne épouse, en 1924, Irène Vallo 1903-1991) dont le père est réfugié politique autrichien. Ils deviennent propriétaires d'une maison à la route des Fayards. Marc fait de l'élevage et du commerce de volaille.

Commerçante, Irène reprend le magasin de laine-mercerie "Tricomaille" d'Hélène Bornet, à la Rampe de la Gare, après 1936. Puis à la fin des années 1950, elle s’installera dans le nouvel immeuble construit le long de la route de Suisse. 

Irène et Marc étaient passionnés de chasse et arpentaient la campagne et les bois de Versoix pour pratiquer leur sport favori.

 

Irène Debourgogne en 1927

Marc Debourgogne en 1927

Marc Debourgogne tenait des carnets de chasse dans lesquels il notait le déroulement de ses sorties et les résultats obtenus. Madame Fabienne Wehner nous a confié quatre de ces cahiers qui vont de 1915 à 1946. Marc Debourgogne nous raconte comment il est devenu chasseur et ses premiers pas dans cette passion:

« La chasse est mon sport favori. Je l’ai pratiqué dès l’âge de 10 ans en qualité de spectateur, avec mon père jusqu’en 1914, époque de sa mort. La guerre qui dura jusqu’en 1918 arrêta la chasse, aucun permis n’étant délivré.

Marc Debourgogne en 1915


Je pris mon premier permis en 1920, et je me souviens seulement de l’ouverture que je fis avec Charles Harder, au chien courant, où je manquai un beau lièvre qui venait contre moi à la Gouille à Dégallier.
Pendant deux années, je chassais sans chien, mais cela ne valait pas la peine, aussi je décidai l’achat d’un auxiliaire à quatre pattes.
En 1924, je fis l’acquisition de Pipo, épagneul du pays très joli, mais sur lequel j’ai été trompé sur ses qualités de chasse. Il n’avait point d’arrêt et peu de nez, et surtout point d’obéissance ; néanmoins, je tirai avec lui quelques cailles et faisans, ainsi qu’une bécasse qu’il n’avait pas senti.
Vu son âge, je ne pouvais corriger ses défauts, aussi j’en fis cadeau à un ami M. Brunolet, qui l’apprécie en qualité de compagnon et qui le soigne très bien.
En août 1925, par un article du Sillon Romand1, j’allais chez M. Pattay à Gy voir un chien Setter anglais, Blue Belton2 de 2 ans et demi qui me plût de suite. La première saison ne fut pas très bonne mais par la suite, Stofs devint un très bon chien.
En 1926, Irène pris son premier permis et depuis cette année, nous avons vu beaucoup de gibier mais nous en avons passablement manqué.
L’année 1927 débuta heureusement. Je fis le matin, au-dessus du Biolay, un lièvre avec mon cousin Alexis. L’après-midi, nous fûmes arrosés, mais en descendant, près du Biolay, mon élève fit ses preuves en tirant un lièvre qui se dérobait.
Pendant mes vacances, je fis un faisan dans la grande taille en dessus du Creuson. Plus tard dans la saison, nous avons levé quelques bécasses, aux Iles, aux Béroux, mais nous avons mal tiré.
En 1928, une occasion nous fit acheter un jeune Setter anglais, Blue belton, Bum de Beau-Séjour. A la suite de la mort accidentelle de Stofs, nous avons fait venir une chienne anglaise Blue belton, Zita de Quiberon, âgée de trois ans et demi, chienne très affectueuse et bien dressée qui nous donnera satisfaction (…)."

 

Nous avons retranscrit quelques pages de ces carnets et vous laissons découvrir deux journées de chasse:

Dimanche 10 septembre 1933

A h.5 ¾ nous sommes au chemin de la Fin. Nous nous dirigeons vers les Longs Prés, faisons le tour, puis prenons la bruyère, le long de la Bécassière, puis revenons par la gouille à Sordoillet sans n’avoir rien levé. Nous sommes au moins une quinzaine de chasseurs aussi nous prenons à travers bois jusqu’aux Béroux. A la frontière vaudoise, les chiens ont un fort pied, Bum arrête longuement dans un coin d’herbe à balai ; mais pendant ce temps Zita est au bord de l’herbe rose, aussi une compagnie de faisans qui est à découvert part soit en volant soit en courant, trop loin pour tirer. En ce dirigeant vers cet endroit, Marc tire un coq qui se lève à propos. (6ème faisan depuis l’ouverture)
Nous tâchons de trouver la remise et prenons le long d’une nouvelle taille. Les chiens arrêtent, une poule se dérobe su côté de Vaud. Irène en manque un autre qui partait vers le Stand. Nous recherchons dans tous les environs. Plusieurs fois Zita lève dans le bois, mais nous ne voyons rien.

Nous partons nous restaurer et prenons le plantage à Laraie. A peine dans la taille un gros faisan arrive en planant, nous repérons où il se pose et nous y dirigeons avec les chiens ; ils arrêtent, nous entendons co-co-co, mais rien ne s’envole ; les chiens coulent plus rien ; je perçois un grincement et peu après je vois un chien dans la bâche, c’est Bum en train de plumer le coq blessé qui avait succombé sous ses crocs. (7ème faisan)
Après avoir déposé ce second coq, nous retenons les Béroux. En traversant en dessous du stand, il y a fort pied mais nous partons car il y a encore le tir au Stand.
Au début de la nouvelle taille, une poule se lève sans être arrêtée. Marc ne peut la tirer car il roule une cigarette, c’est tout ce que nous relevons malgré maintes recherches dans les environs.

Après notre repas, dès que le tir est terminé, nous montons au stand, tenons les tailles et les petits chênes. Un fort pied nous fait arriver dans un grand champ de trèfle. Successivement se lèvent trois, puis deux, puis un faisan qui tous essayés ne s’envolent pas moins. Pourtant tout au bout du champ se lève un roi de caille3 qui tombe.
Nous cherchons au bord du Creuson puis prenons la grande taille jusqu’à Biolay. Comme nous arrivons aux champs, un coq se lève sans que nous puissions tirer. Cependant Bum est resté dans la grande taille où il lève un coq qui chante.
Nous allons boire au puit, faisons le tour par chez Baronne, puis la gouille à Vachoux, le pré des boubes. En débouchant sous les pylônes, un faisan se lève dans nos jambes, mais les arbres nous le cachent trop vite. En retenant la gouille, il y a fort pied au fond, mais rien ne se lève. Nous reprenons la direction de la route de Sauverny, en dessous de la grande taille.
Arrivé à l’intersection des pylônes, les chiens arrêtent bien dans le clair, un jeune coq se lève qui tombe au second coup. (8ème faisan)
Nous nous reposons au Stand, puis reprenons sous les pylônes, jusqu’aux Béroux et les bois jusqu’au collecteur de Chavannes, puis le Stand, de la taille jusqu’à la route de Sauverny, puis jusqu’au Creuson à travers la taille de la baraque du cantonnier.

Nous sommes rompus, aussi retour.

Lundi 11 septembre. 

Je cherche tout le matin autour du Stand et relève plusieurs fois un coq vers les pylônes sans pouvoir tirer. L’après-midi, nous avons un pied au début du trèfle vers le stand ; vers la butte à 300 m. se lève un coq trop loin, puis une poule se lève que nous essayons et manquons. Nous tenons les champs de l’autre côté de la route de Sauverny. Nous voyons de loin une poule et un coq courir jusqu’au bois. Nous nous approchons. Les chiens prennent le défilé, un coq se lève loin dans les bois. Impossible de tirer.
Nous descendons les petits chênes. Après le second chemin de traverse, les chiens se rencontrent avec un coq que Marc tire à la hauteur des arbres alors qu’il voulait se brancher. (9ème faisan). Nous l’avons à peine mis dans la poche que les chiens se montrent inquiets. Zita arrête et la poule part que Marc abat également (10ème faisan). Nous continuons sous les pylônes, après un bel arrêt, un coq part que nous manquons ainsi qu’une petite poule qui se lève dans nos pieds.
Nous allons jusqu’au Biolay puis revenons par les champs d’Ecogia. Dans le plantage à Laraie il y a un fort pied qui nous conduit dans la taille. Après un bel arrêt, un coq se lève que nous manquons. Il ne nous reste que deux cartouches que nous nous partageons. Nous tournons la taille et trouvons les chiens à l’arrêt dans les étroubles. Le coq est là, que nous manquons encore avec nos ultimes cartouches.

1 Actuel Terre & Nature

2 Setter anglais noir et blanc (blue belton)

3 Le Râle des genêts (Crex crex) ou Roi caille, est une espèce d'oiseau de l'ordre des Gruiformes et de la famille des rallidés. Il s'agit d'un oiseau migrateur nichant au sol. Il est assez farouche mais est connu pour son cri nocturne (« crex crex »). Il établit son nid à la mi-mai dans les prairies de fauche en Europe.

 

Archives APV: LIV122/II

 

ANNEXE

Documentation et mise en page Georges Savary, novembre 2020



<< retour