Famille Boisdechêne

Jean Joseph Boisdechêne (1798), fils de Louis et de Jeanne Gabel, est é dans une famille d’agriculteurs de Versoix, exerce sa profession dans la ferme située au centre du bourg, appelée « le Château ».

Il épouse Françoise Masset (1800) le 28 novembre 1827. De cette union naîtront : Joséphine 25.03.1829 ; Marie-Elisa 06.01.1833 ; Colette 25.01.1835 et Françoise-Louise 15.02.1838 / +04.02.1839)). La mère des enfants décède dix jours après la naissance de sa dernière fille, le 23.02.1838.

Joseph se marie en secondes noces avec Catherine Mollat le 10 juillet 1838, elle lui donnera un fils, François Henri, le 01.07.1839  +14.08.1839 et François 1.09.1840.

Joséphine est née avec les joues recouvertes d’un agréable duvet et d'après les informations reçues avait une barbe de cinq centimètres à l'âge de huit ans (quinze centimètres à 16 ans). Son système pileux lui procurait quelques moqueries, pour éviter les quolibets, elle masquait son visage avec un foulard. À l'âge de quatorze ans, elle commence à voyager en Europe, d'abord accompagnée de son père et d'un agent et puis avec son père seul.

Le doute existait quant à l'authenticité de sa barbe. En 1851, le docteur William Charr l'a examinée. La conclusion du docteur a été affirmative : 'her breasts are large and honnêtement '. Il s’agissait bien d’une véritable femme et d’une véritable barbe. Elle a également gagné une renommée supplémentaire quand elle a coiffé sa barbe à la mode, imitant en cela celle de Napoléon III. Ce dernier, flatté de cette imitation, lui offrit un diamant qu'elle porta... dans sa barbe.

une lettre adressée au maire de Versoix nous confirme le passage de la famille en France :

A Roanne le 11 mars 1851

Monsieur le maire

J’ai l’honneur de vous écrire ces deux mots pour m’informer d’un nommé Joseph Boisdechêne accompagné de sa dame, trois filles et un garçon dont les deux filles ainées ont une barbe extraordinaire. Je vous dirai Monsieur que j’ai connu ces gens pour des braves c’est pour cela que je m’adresse à vous en vous prient de vouloir me faire passer de leurs nouvelles car je viens d’apprendre avec peine que Joséphine n’était plus avec ses parents et qu’elle s’était retirée dans son pays.       Pierre Cave, libraire

Sa barbe ne l’empêche pas de convoler en justes noces, en 1850, avec le peintre Scipion Fortuné Clofullia (1831-1860) qu’elle rencontre à Paris. Elle prendra dès lors le nom de scène de Joséphine Clofullia. Ils ont eu deux enfants dont une fille Jane Zélia morte en bas âge ; l’autre, Albert, surnommé le petit Esaü, qui était velu comme sa mère, se produisait avec elle. Elle épouse Joseph Ghio vers 1863 à Saint-Louis, Missouri USA

En 1853, elle est entrée au cirque chez Phineas Taylor Barnum qui a voyagé dans le monde avec un grand nombre de ces curiosités de la nature. Barnum lui offrit un poste à son American Museum et elle y fit ses débuts en mars 1853 sous le nom de « La Dame à barbe de Genève ».

Au cours du dix-neuvième siècle ces attractions étaient très populaires. Joséphine s'est affirmée jusqu'à devenir une étoile internationale qui s’est produite à Paris, à Londres (où elle attira 800000 personnes) et à Amsterdam. Rares sont les femmes qui peuvent se vanter d’avoir atteint la célébrité mondiale comme notre concitoyenne.

En 1861, Clofullia qui était au programme de la kermesse de septembre d'Amsterdam, était la femme à barbe la plus connue du moment. Au sujet de cette présentation, le journal a mentionné que deux médecins éminents d’Utrecht avaient délivré une preuve de l’authenticité de sa barbe. Que ceux-ci prouvent aux non-convaincus qu’ils ont pu toucher la barbe et même la tirer !

 En 1862, ayant quitté Barnum, elle était à Gand (Belgique) d’où elle écrivait au maire de Versoix en lui envoyant son portrait. Elle y paraît dans une robe d’apparat, couverte de bijoux, sa barbe abondante et frisée se répandant sur son opulente poitrine.

En 1870, elle était exposée à la foire de St. Matthews dans la ville de Bridgwater, en Angleterre. À la fin du mois de septembre, Joséphine tomba malade et mourut alors qu’elle se rétablissait à l’hôpital Bridgwater Workhouse. La cause de son décès a été indiquée sur son certificat de décès comme une « faible fièvre ». Elle est enterrée dans la section des pauvres du cimetière de Wembdon Road, à Bridgwater.

Notes :

Soi-disant née le 25.03.1831

Le registre des naissance du 4 avril de l’année 1832 indique la naissance de Louise Joséphine, fille naturelle de Jeanne Alexandrine et (inconnu) Boisdechêne.

La croissance de la barbe est souvent apparue d’une conséquence d’un dérèglement congénital.

Cette attraction de fête foraine, n'est plus à la mode de nos jours.

Bibliographie: Nederlands Centrum voor Volkscultuur,Utrecht NL
in. B. Sliggers (red.), De tentoongestelde mens (Haarlem/Zutphen 1993)

Photos: Syracuse University Library