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RAMSEYER JAKOB - CHARRON

L’histoire de la maison du Charron a peut-être débuté il y a fort longtemps, mais seules les péripéties mouvementées telles que la prise du Fort, la destruction de l’église ou le péage sur le pont de la Versoix, tous voisins, ont traversé le temps.

En 1979, le Conseil Administratif fait établir l’inventaire architectural du Bourg de Versoix et, pour donner suite à l’intérêt des autorités communales pour une restauration du vieux-Bourg, un avant-projet de salle de Conseil est élaboré. La Commission des Monuments et Sites s’intéressera à la façade de la rue des Moulins. La réfection débutera en 1986. En 1987, à la suite de la découverte d’une ancienne ouverture sur la rue des Boucheries, une autorisation sera obtenue pour conserver ce vitrage. Le bâtiment du Charron a été inauguré en 1987.

La vie paisible et heureuse du Charron ne nous est connue que par l’historique familial retracé par le docteur Freddy Ramseyer, dans lequel on peut relever les faits suivants :

Jakob Ramseyer est né le 20 juin 1843 à la Herti (Herbligen, dans le canton de Berne. Après un apprentissage de charron, il fait son tour de Suisse.  Il ne fait pas de service militaire, ayant été réformé à Berne en 1864, il ne payera la taxe militaire qu'à partir de 1878. Son permis d'établissement genevois date de 1879. On sait qu'il travaille à Meyrin, puis arrive à Versoix en 1868. Où a-t-il logé et travaillé dans ses premières années à Versoix ? On parle du bâtiment où se trouve actuellement le Café National. On ne sait pas davantage comment il a financé ses premiers achats de bois et d'outillage ni comment il a pu acquérir son logement au 100 rue des Moulins.

A-t-il hérité de quelque don de son père mort en 1867 ?

Cependant, en 1875, il se trouve suffisamment à son aise pour pouvoir se marier et épouser le 18 mars, Elisabeth Gander, une jeune bernoise du Châtelet (actuellement Gsteig), qui était en place à Genève. Les témoins du mariage sont Messieurs Jean dit Gabriel Guilland, jardinier ; Jacques Drivet, buraliste postal ; Jean-Louis Girard1, maréchal ainsi que Jules Brand, l'ouvrier de ce dernier. L'officier d'état civil est le maire de Versoix, Monsieur Riondel. Son épouse donnera naissance à sept enfants : Luise, Maria, Friedrich, Jacques, Paul, Carl et Marc.

C'est probablement à cette époque qu'il peut installer son atelier et loger sa famille entre le no 101 et le numéro 100 de la rue des Moulins. Il loue, à la famille Wicht. qui vient d'arriver à Versoix, le petit logement qui est pris sur la grange et donne sur la rue des Boucheries.

On possède son livre de comptes depuis 1892 où aux dépenses on trouve, mélangées, quelques dépenses professionnelles (du bois, etc.), une activité agricole (labourage pour un tiers, battage du blé, moutons, vente de foin) et les dépenses familiales (intérêts des emprunts, caisse maladie Concordia, assurance incendie à la Bâloise, épicerie, pain et lait). Parfois des choses surprenantes : deux sacs de blé qu'on fait venir du canton de Berne, des souliers qu'on commande au beau-frère David Ganter à Vallorbe, chaque année un porc gras ou un demi-cochon.

C'est en 1883 qu'il achète l'écurie, donc la moitié nord de la "Maison du Charron". Il l'acquiert en copropriété. En 1884, il acquiert le numéro 101 de la rue des Moulins pour Fr.4.600.-- ceci aux enchères et grâce au prêt de son oncle Nicklaux de Herbligen, prêt d'un montant de Fr. 3.500.--. Il demande en 1886 de pouvoir établir son atelier de charron dans ce bâtiment. En 1890, il emprunte à son beau-père Fr.1000. -- et en 1893 Fr. 260.--. L'oncle Nicklaus lui avance aussi en 1893, Fr. 2200. --, ce qui lui permet pour Fr. 2130. -- d'acquérir la grange attenant à l'écurie d'Amédée Sauty, en faillite.

En 1895, naît le dernier de ses enfants Marc, d'une maman âgée de 46 ans !

En 1899, il hérite de Fr. 10.000.-- de son oncle Nicklaus, dont on défalque le montant des emprunts de Fr. 2250. -- et de Fr. 3500. --, ainsi que quelques intérêts impayés. Il aurait été un peu déçu de ne pas avoir hérité de la ferme de la Herti qui revenait à son frère aîné Niclaus. Ce dernier, après la mort de son père avait aidé à la ferme de l’oncle.

Le 5 mai 1903, Jakob Ramseyer meurt.

Dans les livres de comptes, on trouve seulement, de la plume de son fils Frédéric :

Frais d'enterrement                          Fr.  27.--

Cercueil                                            Fr.  20.--

M. Machard                                      Fr.  46.50

Droits de succession                        Fr. 146.35

Dès le mois de juin et juillet 1903, on note dans le livre de comptes : "loyer Krebs pour grange et appartement". Le charron a vite trouvé un successeur. Monsieur Krebs doit en outre amortir une reprise de Fr. 2900. -- pour le matériel et le stock de bois. En 1907, l’hoirie Ramseyer peut acquérir la deuxième part de copropriété de l’écurie pour Fr. 1'020.

Elisabeth Ramseyer-Gander meurt le 26 mai 1912.

Pendant 30 ans, la location de cette moitié fut de Fr. 80.- par année. Durant la guerre de 1914-1918, la profession de charron et à l’image économique de la région et M. Krebs prend plus de 6 mois de retard pour le paiement du loyer. Le décès de son épouse Elise, à l'âge de 44 ans, sera une épreuve supplémentaire pour sa famille. Il poursuivra cependant son activité jusqu’à la guerre de 1939-1945, puis avec son fils, qui cessera la profession de charron vers 1950.

L’immeuble sera vendu à l’Etat, puis échangé à la commune de Versoix et servira de dépôt durant près de 20 ans.

1  Louis Girard était forgeron, assez grand, bedonnant, avec une barbiche et peut-être des lunettes et naturellement un grand tablier de cuir. La forge était une des premières maisons à droite en venant de Bellevue. Il avait un fils nommé Emile qui, ayant voulu tirer des mouettes au bord du lac, fut atteint par la décharge de son fusil et resta estropié pour le reste de ses jours en boîtant terriblement.  Récit de Marc Gander, octobre 1968 

 

 

 


 

 
 


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