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ECOLE ENFANTINE COURVOISIER (CONTRE-BISE)

ECOLE ENFANTINE AU CHEMIN C. COURVOISIER

La construction de cette nouvelle école a été l'un de nos principaux soucis. Afin de mieux comprendre les décisions prises, il nous semble utile de faire un bref historique de cette question. Il y a 20 ans déjà que la question de la construction d'une nouvelle école enfantine préoccupe les autorités communales. En effet, en 1930, M. Albert Malche, Conseiller d'Etat chargé du Département de l'Instruction publique, signale le mauvais état du bâtiment occupé alors par deux classes enfantines. En 1931, son successeur, M. Paul Lachenal, se montre encore plus catégorique et déclare que l'ancien bâtiment ne convient plus à l'enseignement et qu'il est indispensable d'en édifier un autre. En 1934, la Mairie examine un projet utilisant les terrains Estier, à côté du Buffet de la gare. Ce plan est accepté par le Département de l'Instruction publique, mais désapprouvé par le Département des Travaux publics, présidé alors par M. Braillard. Ce dernier soumet un plan que le Conseil municipal refuse.

C'est à cette époque que la Mairie étudie un projet rie rénovation de l'ancien bâtiment qui prévoit : La création de larges baies vitrées au nord et à l'ouest, l'installation du chauffage central, la création de nouveaux W.-C. Le Département refuse ce projet et veut du neuf. Cependant, en 1936, les travaux de rénovation présentés par la Mairie sont exécutés. Pendant trois ans, les jeunes écoliers apprendront à lire et à écrire dans ces locaux. Survient la guerre et les restrictions dans la fourniture du combustible. Comme par suite de la diminution du nombre des écoliers, une classe se trouve libre dans le bâtiment de l'école primaire, il est décidé d'y transférer la classe enfantine. L'ancienne école servira jusqu'à 1945 de cantonnements aux troupes qui se succèdent dans notre commune. La guerre est finie. On prévoit une crise de chômage et parmi les premiers chantiers à ouvrir par l'Etat figure celui de l'élargissement de la route de Suisse dans la traversée de Versoix, A ces fins, en 1946, le Département des Travaux publics achète le bâtiment de l'ancienne école pour Fr. 25.000.—. Cette école sera donc rasée. Il faut aviser et construire, d'autant plus que la forte natalité des années de guerre fait prévoir l'ouverture de nouvelles classes. Le Conseil municipal doit d'abord choisir un terrain. On hésite entre plusieurs, le choix se fixe finalement, à l'unanimité des membres de la commission, sur le terrain communal surplombant les ruines du Bourg, entre la chapelle darbiste et la propriété Dutoit. MM. les Conseillers d'Etat Picot et Casai viennent sur place et donnent un préavis favorable. Le Chef du Département de l'Instruction publique demande la construction de deux classes enfantines et d'une salle de jeu. Il préconise en outre l'achat d'un terrain à Versoix-la-Ville en vue de la construction future éventuelle d'une seconde école enfantine et demande à la commune d'acquérir les terrains bordant le chemin du Levant afin de s'assurer une parcelle pour une future école primaire. Entre temps, la Commune décide l'achat, à l'unanimité des membres du Conseil, de la partie sud du terrain du Plateau qui semble mieux convenir à la construction d'une école enfantine. Un projet de centre civique, groupant tous les bâtiments communaux dans la propriété Kloos, est écarté par la majorité du Conseil municipal. Une commission de l'école enfantine est nommée. Elle étudie un projet de concours établi par le Département des Travaux publics, concours dont M. Charles Billaud, architecte, sera le lauréat avec son projet « Contre-bise ».

 

L'école désaffectée abrite aujourd'hui (2018) l'Association Le Rado-Versoix
Un centre de rencontres pour les jeunes de Versoix et des environs. 

Nous sommes au début de 1947. La crise du logement sévit à Versoix et le Conseil municipal accepte de céder à la société coopérative d'habitation Familia une partie du terrain réservé pour l'école enfantine, en vue de la construction de deux immeubles de six appartements chacun. Cette décision modifie le plan d'aménagement de la parcelle qui avait été étudié et accepté. M. Billaud, architecte, soumet de nouveaux plans et, en 1949, le Conseil municipal tombe d'accord sur un projet qui comporte deux salles d'école, une salle de jeu, un petit local pour les maîtresses pouvant servir d'infirmerie et de dépôt de matériel scolaire, préau couvert et préau en plein air. Aucun luxe, mais cependant des matériaux de bonne qualité. Les devis estimatifs définitifs s'élèvent à Fr. 240.000.—. Une somme de Fr. 36.858.- est encore prévue pour les aménagements extérieurs, les clôtures. Cette dernière somme n'est pas acceptée d'emblée et sera soumise à un examen ultérieur, lorsque le bâtiment sera sous toit. Ce dernier montant semble pouvoir être réduit. Enfin, le 29 juillet 1949, le Conseil unanime prend l'arrêté suivant :
Arrête :
1. De construire une nouvelle école enfantine sur le terrain du Plateau de la Gare, au-devant des immeubles Familia.
2. De faire face à cette dépense :
a) par un prélèvement de Fr. 120.000.- sur le compte de dépôt de la commune à la Caisse de l'Etat,
b) par l'utilisation d'une partie du boni éventuel de l'exercice 1949 (Fr 49.000.- de boni),
c) par un emprunt dont le montant et les conditions seront fixés en temps opportun.

La première adjudication pour terrassement et maçonnerie a lieu. M. Grisoni, entrepreneur à Céligny, est déclaré adjudicataire. Son prix est de Fr. 8.000.- inférieur à celui prévu dans les devis de l'architecte. Cela laisse prévoir que la baisse qui se dessine dans la construction aura un heureux effet et que l'école ne coûtera pas plus cher que prévu.
Toutes les difficultés semblent aplanies. Les travaux commencent, la pelle mécanique fouille le sol et c'est alors que se produit un événement qui va tout remettre en question. Sur le côté nord-ouest, la pelle rencontre un sol naturel alors que sur les autres côtés, elle tombe sur un terrain rapporté, constitué par des remblais plus que centenaires, de nature hétérogène. L'architecte et l'ingénieur déclarent que cette assise n'offre pas une solidité suffisante pour l'immeuble à construire. Des sondages montrent que le sol naturel est à une profondeur de six mètres environ. Les travaux sont suspendus et, après étude, l'ingénieur propose le creusage de puits à remplir de béton, constituant des pilotis seuls capables d'assurer la stabilité du futur bâtiment. Cette solution entraînerait une dépense supplémentaire d'environ Fr. 40.000.—. La Commission de l'Ecole considère qu'une dépense supplémentaire aussi élevée pour des fondations d'un bâtiment ne comportant qu'un rez-de-chaussée n'est pas acceptable et ne rencontrerait certainement pas l'approbation de la population. La décision est prise de consulter un expert. C'est M. Pingeon qui est choisi. En date du 18 novembre 1949, cet ingénieur dépose son rapport que les membres de la commission étudient sans cependant pouvoir se déterminer. Après de nombreuses discussions, la municipalité est priée de présenter à son tour un rapport. Afin de s'entourer de nouveaux avis, la Mairie décide de faire appel à un nouvel expert en la personne de M. Jules Calame, ingénieur. Les conclusions de M. Calame rejoignent celles de M. Pingeon, sans cependant être aussi catégoriques. M. Calame reconnaît la supériorité des puits en béton tout en constatant que cette solution est exagérément coûteuse pour une construction d'un seul étage. Il préconise l'élargissement des semelles (pour une pression de kg. 0,5/cm2), l'établissement d'une armature de liaison des murs entre les semelles et le chaînage du rez-de-chaussée. Le coût de ce travail est devisé Fr. 13.300.—.

Dans sa séance du 21 mars 1950, la majorité des membres du Conseil municipal se prononce en faveur de cette dernière solution. L'entreprise Grisoni reçoit l'ordre de reprendre immédiatement le travail et procède, actuellement, au coulage de la dalle. A la fin de cet exposé, nous tenons à remercier un Versoisien, M. Bourquin, ingénieur, d'avoir mis bénévolement sa grande expérience au service de la commune.

La décoration de la façade est l'oeuvre d'Eric Hermès*, il réalise un sgraffito sur le pignon de la nouvelle école. Le caractère simple et naïf des personnages n’est pas sans analogie avec les affiches touristiques valaisannes ni avec les images d’Epinal.

*Eric Hermès (1881-1971), l'oeuvre décoratif
CHOLAKIAN LOMBARD, Lorena Denise


La décoration du hall d’entrée avait été confiée à Arthur Morard, décédé, laissant derrière lui une maquette inachevée, laquelle, hommage au disparu, sera terminée par le peintre Hornung.

"...et comme les arts n'ont pas été oubliés, il y aura un élégant portail en fer forgé, le dessin s'insprire d'oiseaux et d'animaux..." Journal de Genève 12.12.1950

Ce portail exécuté par Ethenoz, serrurier à Versoix, n'existe plus. Il a été remplacé (quand et pourquoi?) par un simple portail. 

 

Texte tiré du Compte rendu administratif et financier de l'exercice 1949.

 



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