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MARTINET Pierre (1848-....)

MARTINET Pierre, Paul, Désiré [dit Pol]. Né le 5 mai 1848 à Laudun (Gard) ; publiciste ; anarchiste ; un des créateurs de l’individualisme en France. Imprime à Versoix le premier numéro du périodique LE PARIA, le mai 1886. Est-ce lui qui écrit au Genevois? Il n'y a pas d'autre trace de son passage à Versoix.

  

Journal de Genève 22.06.1886

   

Un exemplaire de ce périodique, hectographié, se trouve aux Archives fédérales à Berne (E21 14073) : 1re année, n° 2 (samedi 15 mai 1886), 4 feuillets. René Bianco donne 1887 : une erreur de transcription ?
Imprimerie autographe [Le XXX ?] (Genève).
Ce journal est destiné à la diffusion en France, non en Suisse. Le n° 2 indique notamment « la place manque pour le feuilleton sur Roubaix ». Ce numéro est publié à Versoix, canton de Genève.

Pierre Martinet encourut plusieurs condamnations avant d’entrer dans le mouvement anarchiste : pour port d’armes prohibées, détournement d’argent, provocation et outrages aux agents, abus de confiance, vol et rupture de ban, … Il fut signalé par la police comme anarchiste pour la première fois en 1884. Un rapport le décrit comme « très brun, les yeux noirs, un peu enfoncés, moustache noire, regard faux et méchant » (Arch PPo BA 303). Il collabora au journal Terre et Liberté (Paris, 1884-1885) et participa à l’agitation parmi les « ouvriers sans travail », ce qui lui valut une nouvelle condamnation.

Peu après, il quitta Paris pour la Belgique. Expulsé de ce pays, il se fixa à Roubaix en août 1885, où il devint en peu de temps un des animateurs du groupe anarchiste local. Il y aurait fondé un petit journal, Le Paria, comme il se surnommait lui-même. Il collait et diffusait des placards intitulés « manifeste du Paria ». Arrêté pour avoir perturbé un meeting électoral, il fut jugé en novembre et acquitté. Mais le 2 février 1886, il fut condamné par défaut, à Douai, à six mois de prison et à cinq ans d’interdiction de séjour pour coups et blessures volontaires avec préméditation, complicité de coups, violences et voies de fait avec préméditation. Martinet avait fui la ville avant le jugement et se réfugia à Metz avec sa compagne. Il poursuivit sa propagande, distribuant des tracts dupliqués avec un hectographe.

À la fin de février 1886, le couple se réfugia à Genève, où il entra en relations avec le groupe anarchiste local. Cependant, selon la police, les anarchistes genevois, prévenus par lettre par certains militants français, ne firent pas bon accueil à Martinet, le soupçonnant d’être un mouchard.

Le 16 avril, il fut arrêté à Annemasse (Haute-Savoie), mais il était encore temps pour lui de faire opposition au jugement de Douai, ce qui lui permit d’être libéré. Il fut cependant expulsé du canton de Genève le 20 avril 1886. Il gagna alors Lausanne avec sa compagne, et loua une chambre au 22, rue Saint-Laurent. Un rapport de police le décrit ainsi : « 1,70 mètre, visage pâle, pommettes proéminentes, jours creuses, gros nez, cheveux noirs avec raie au milieu, moustache brune, lorgnon et toque ».

À Lausanne, Martinet reprit l’édition manuscrite du Paria ; le n°2, 1e année, est conservé dans les dossiers de police aux AFS. L’adresse indiquée est poste restante à Versoix. Il y parlait autant de politique que de ses malheurs et des calomnies qu’il essuyait. Ce journal ne parut « dangereux ni par la forme ni par le fond » au Département fédéral de justice et police, qui ne prit pas de mesure contre Martinet. Celui-ci aurait ensuite fondé « un journal d’étrangers pour le littoral suisse du Léman ». « Le dit M., bénévolement toléré par la police vaudoise, tripotait dans le bas journalisme. Il fut éditeur et rédacteur d’un journal à titre itinérant. Nous n’avons jamais compris, pour ce qui nous concerne, par quels motifs la police a si longtemps laissé ce personnage encombrer le pavé de Lausanne. » (Gazette de Lausanne, 21.2.1888) Cependant, deux créanciers étant à ses trousses, il quitta Lausanne en février 1888. Le Journal de Genève du 28 mars 1888 annonça qu’il venait d’être arrêté à Marseille, car il lui restait à purger la peine pour laquelle il avait été condamné à Douai deux ans auparavant.

Il réapparut à Paris à l’automne 1889 et reprit sa propagande en faveur de l’illégalisme ; il se trouva ainsi à la tête d’un courant qui se qualifiait d’« individualiste » et tenta de faire paraître des quotidiens qui ne durèrent guère qu’une saison, comme L’anarchie (1890-1891) ou La Renaissance (1895-1896).

En été 1896, il disparut de la scène. Dans une correspondance à Jean Grave en date du 13 juillet 1918, Malato écrivait que Martinet, devenu propriétaire, avait abandonné l’anarchisme.

FONTI: ME / Arch Ppo Paris, BA/30, 74, 76, 77, 1506 ― Archives fédérales suisses E21 14073 — René Bianco, Cent ans de presse anarchiste... — Notice de Guillaume Davranche, Dictionnaire biographique du mouvement libertaire de langue française – Journal de Genève et Gazette de Lausanne.



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