TUILES, Messagères de l'histoire EXPOSITION 2003
Venues de la nuit des temps, les briques et les tuiles en terre cuite se sont toujours adaptées aux besoins du logement. Venez visiter notre exposition et découvrir un volet de notre histoire régionale. Exposition de collections privées à l’Espace Patrimoine Du 15 avril au 15 juin 2003. Ouverture : Visites pour groupes sur demande. + + + Préface de Madame Monique Bory Aujourd’hui où nous disposons facilement de matériaux nombreux, produits industriellement, à un prix modeste en regard de celui de la main-d’œuvre, nous tendons à oublier les problèmes que rencontraient autrefois les constructeurs. Approvisionnement, fabrication et mise en œuvre requéraient un métier acquis par de longues années d’expérience, qui se transmettait de génération en génération. Composition de l’argile, conditions atmosphériques, construction des fours et maîtrise de la cuisson jouaient un rôle important dans la qualité du produit. L’apport des artisans était donc essentiel. Certains d’entre eux ajoutaient à leurs compétences pratiques et techniques, un esprit inventif dont témoignent nombre de bâtiments anciens qui sont parvenus jusqu’à nous; ces derniers illustrent parfois également le milieu dans lequel vivaient ces artisans, leur mentalité ou des événements qui les ont marqués. C’est le mérite de cette exposition (comme de la précédente consacrée aux lampes Argand) de faire revivre, pour nous, des hommes qui se sont investis dans le patrimoine dont nous avons hérité. Je félicite les initiateurs pour leur entreprise et souhaite qu’elle rencontre, auprès des Versoisiens et au-delà, tout le succès qu’elle mérite.
A VERSOIX, LA TUILIERE DE PORT-CHOISEUL Depuis 1601, le Pays de Gex avec le cours de la Versoix appartenait à la France. C’est pourquoi LL.EE de Berne faisaient surveiller la frontière du Pays de Vaud. En 1767, Etienne François, duc de Choiseul, ministre des Affaires étrangères de Louis XV, conçut l’idée de construire un port à Versoix pour « ruiner » Genève ! Le 28 mai 1768, M. Du Chastel de Rolle, agent secret de Berne alliée de Genève, mandait LL.EE. – « ils ont fait sonder le sol à bise de Versoix et l’on y a trouvé une glaise bleue et le sol très propre à la construction d’un port ». Le 23 décembre 1770, le duc de Choiseul tombait en disgrâce. Mais en dix ans, malgré de multiples complications diplomatiques et moult désagréments pour les habitants du village de Versoix, une montagne de glaise avait été extraite, et bien que le duc ait fait amener une galère royale (du reste capturée par les Savoyards) le port n’existait toujours pas. Cette tuilière, achetée vers 1875-76 par Adrien Nicati (1838-1899), fermier de M. Pierre-Jean Bordier, après que ce dernier eut partagé son domaine en 1875. M. Nicati n'ayant plus assez de travail à la ferme, acheta la tuilerie et l'exploita avec son fils Edouard jusqu'à la fin de son exploitation vers 1895. Les bâtiments ont été démolis en 1901. Les Nicati étaient aussi propriétaires de la tuilerie d'Yvoire qui travaillait principalement pour la Suisse. DE VERSOIX A VINZEL Le petit cylindre, encore utilisé à la fermeture de la tuilière de Vinzel, a été acheté à Versoix vers 1875, en même temps que le manège acquis à la liquidation du moulin Henni au Vernay (manège mû par un cheval tournant en rond, les yeux cachés par une cagoule). A l’origine le petit cylindre acquis à Versoix était actionné à la main à l’aide de deux volants munis d’une poignée de manivelle. Ce petit broyeur servait uniquement à l’affinage de la glaise au sortir de la masse de trempage. On ignore de quelle tuilerie il provenait. Jean-Marc-Louis Keusen effectua un stage de 2 mois à la tuilerie Nicati de Versoix, en 1884. A la fermeture de cette tuilerie, il rachète la presse à rebattre à excentrique, fonctionnant à la main, par levier et contrepoids, y compris les deux matrices portant VERSOIX en négatif. Une fonderie de Rolle réalisa les matrices VINZEL. LA FABRICATION Jusqu’au tournant du 19e au 20e siècle les méthodes évoluent peu, le mouleur façonne la tuile à la main, à raison de 300 à 500 pièces par jour au maximum. Un changement se dessine déjà après 1850, par la construction des chemins de fer, avec l’apport de la houille puis des machines. Le charbon remplace le bois et ce
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