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PORT-CHOISEUL

Port Choiseul, histoire et  tourisme nautique.

Versoix doit à sa situation au bord du lac et sur la route de Suisse d’avoir joué un rôle dans l’histoire.

Modeste bourgade au début, sur la grande route romaine qui reliait Genève, elle a de tout temps tenté ceux qui avaient intérêts à intercepter ce passage.

La maison de Savoie y avait édifié, dès le XIIème siècle, un bourg et une forteresse commandant le lac, interdisant ainsi la navigation aux barques genevoises et bernoises et le passage par les terres entre Genève et Berne.

Passons quelques décennies.

Versoix est devenue française par un traité de 1601. Elle va ainsi occuper le devant de la scène entre Genève et Berne.

En 1766 en effet, suite au refus par les Genevois d’accepter le plan de médiation proposé par la France, pour mettre un terme aux luttes civiles, qui agitaient depuis plusieurs années la République de Genève – alors indépendante -, un blocus est déclaré par la cour de Versailles.Pour rendre la vengeance utile, resurgit aussitôt le projet d’établir un port au pays de Gex pour intercepter la navigation sur le lac, d’implanter une ville fortifiée, et d’ouvrir une route qui permettra de commercer directement de Lyon avec la Suisse, et ainsi de ruiner Genève.

Les protestations venant de Berne ne manquèrent pas. On lit dans un mémoire du 16 janvier 1769 destiné à être remis au roi : je cite : « ….On n’appuie pas sur les justes craintes qu’une pareille ville peut inspirer à la République (de Genève).... Si une ville peut lui fermer le passage sur terre, un port et surtout tel que l’on paraît établir à Versoix, pourra aussi d’un jour à l’autre lui fermer le passage par eau. »

Au XVIIIème siècle, le Duc de Choiseul, ministre du roi Louis XV au Département de la guerre et des affaires étrangères, commande les travaux pour l’établissement d’une ville nouvelle, aménageant du même coup un port et le tracé des routes encore actuel.

On travaille à la prolongation de la route de Lyon, de Meyrin à Versoix, les entrepôts de sel sont déplacés de Genève, un canal est creusé pour alimenter en eau la nouvelle ville, le nouveau port de ce qui sera Versoix-la-Ville est aménagé.

Comment Etienne François, duc de Choiseul obtint-il ce poste ?....

… on raconte que ce fut grâce à Mme de Pompadour qu’il avait sauvée d’une disgrâce qu’il l’obtint.

La nouvelle ville allait attirer du monde ; les juifs d’Avignon offraient deux millions pour la construction, à condition de pouvoir venir s’y établir, et ils n’étaient pas loin de six mille. Les juifs de Metz, deux mille.

Voltaire, en 1767, est âgé de 73 ans et réside dans son château de Ferney. Dans Versoix-la-Ville, Voltaire ne vit pas seulement une entreprise qui ruinerait Genève, et enrichirait le pays de Gex, mais aussi une cité, qui serait au milieu de l’Europe intolérante, entre la Genève calviniste et la France catholique, un refuge pour les adeptes des deux religions, lesquels vivraient en paix et où les passions sectaires ne pénétreraient pas. Il suivit de près les travaux malgré son âge. En 1767 il s’impatiente : il écrit à un ami : « q’on bâtirait sur les frontières une ville dans laquelle tous les protestants pourront se marier légitimement ».

Hélas Choiseul tombe en disgrâce en1770. L’inspecteur général des Ponts et Chaussées Jean Querret reprends alors le projet. Il prévoit de vastes places aux entrées de la ville, une route passant par le col de la Faucille (l’actuelle route de Sauverny) ; le tracé d’une nouvelle route sera l’axe principal du nord au sud.

Les travaux reprennent, mais l’argent et l’enthousiasme qui avait été celui de Choiseul et de Voltaire qui soutenait largement l’idée manquent.

Peu à peu les troupes repartent, les ouvriers horlogers qui avaient été attirés par cette ville nouvelle s’en vont, déçus, le chantier est interrompu et le projet finalement abandonné.

Pourtant, bien qu’il ne reste de nos jours que les traces d’un port, quelques maisons isolées et un canal, l’histoire de Versoix est encore marquée par cette volonté et le tracé des rues par l’empreinte, inchangée depuis, de ce projet grandiose.

 

La voie lacustre et le port Choiseul

Ce port, rêvé par Choiseul aurait pu accueillir des bateaux de guerre, fréquents sur le lac au temps du duc de Savoie. Mais en fait de navires guerriers, on ne voyait plus sur l’eau que les majestueuses grandes barques à deux mâts et aux voiles triangulaires. Inspirées des galères, toutes semblables afin qu’elles puissent être réquisitionnées et armées en cas de guerre, ces barques étaient construites pour la navigation commerciale sur les lacs et les canaux.

Quelques maisons sont visibles très près d’ici :

Au chemin du Vieux Port n°14-16 :

Cette maison fut construite en 1777 par Louis Duchesne. Le large mur de clôture, couvert de plantes est celui-là même que les ingénieurs de Louis XV avaient construit. Cette construction a été édifiée pour être utilisée comme entrepôt pour le sel destiné à Genève et au Valais et qui transitait par Versoix-la-Ville.

Port-Choiseul, maison Duchesne

 

Ami Argand y découvrit des gisements de tourbe et obtiendra le brevet de son extraction aux environ de 1800. Il parait que le duc de Choiseul y aurait logé lors de ses passages à Versoix.

La vieille maison au 103, route de Suisse. Domaine constitué à la fin du Moyen Age.

En 1768, le domaine est réquisitionné par Louis XV pour y installer le quartier général destiné à abriter l’administration de la ville neuve qu’il projetait de créer (paternité du projet attribué au Cardinal Richelieu).

Successivement les lieux abritèrent :

  • Fabrique d’horlogerie
  • Caserne pour les troupes chargées de la sécurité du chantier
  • Manufacture de lampes (Ami Argand)
  • Salpêtrière
  • Distillerie
  • Fabrique d’ustensiles ménagers qui périclita lors de l’entrée de Versoix dans la Confédération
  • Et enfin : l’agriculture.

 

Ami Argand, physicien et inventeur né à Genève 1750-1803

Ami des frères Montgolfier, qu’il recevait souvent à Versoix.

Inventeur de la lampe à courant d’air et cheminée de verre.

Argand entre dans l’histoire pour avoir inventé vers 1780 la lampe à flux d’air, pouvoir éclairant égalent à celui d’une douzaine de bougies, qui fit sa gloire en tant que chercheur et sa ruine en tant qu’industriel.

Il y eut des contrefaçons faites par Ambroise Bonnaventure Lange et le pharmacien Antoine Arnault Quinquet qui manœuvra avec une telle efficacité que son nom finit par désigner dans le langage commun l’invention d’Argand.

1787, Ami Argand prit possession de la maison de maître, totalement délabrée qu’il habita jusqu’en 1790.

1815, la cession de Versoix à la Suisse porta un coup mortel à la manufacture, en dressant une barrière douanière entre elle et sa clientèle française, elle cessa peu à peu son activité.

Le port a joué jusqu’au milieu du XIX ème siècle un rôle important. C’était, dans le canton, l’un des deux seuls points de débarquement des marchandises soumises à un droit (Règlement du 24 août 1816). Il n’était pas noyé onze mois de l’année sur douze et les barques venaient y décharger les matériaux nécessaires à la tuilerie voisine.

Un seul ouvrage fut mené à bonne fin, le canal dérivé de la Versoix, dont les eaux, aujourd’hui encore irriguent les champs de ce qui fut la « Nouvelle Choiseul ».

On raconte qu’il fut inauguré par la duchesse de Marmier, née Choiseul de Stainville.

« Elle était mignonne, petite, fluette, ce qui a pu donner l’idée originale de son rôle dans l’inauguration du canal. Lorsque les eaux l’eurent rempli à plein bord, la gentille duchesse fut assise sur un coussin de velours dans une conque marine dorée, et quatre chevaliers de Saint-Louis, l’épée au côté, poudrés à frimas, tenant des deux côtés des cordons de soie à gland d’or, conduisirent noblement la déesse bienfaisante des eaux, de la prise dans la Versoix à Montfleury ».

Versoix-la-Ville conserva son autonomie municipale jusqu’à la Révolution et fut réunie alors à Versoix-le Bourg, pour former Versoix-la-Raison.

Louis-Auguste Brun, peintre de Marie-Antoinette a vécu à Versoix, à la Villa Fleur d’Eau. Il était maire en février 1804. Il dessina plusieurs paysages proches de Versoix.

Versoix ayant été rattachée à Genève et à la Suisse en 1816, le port ne connut pas l’activité qui devait être la sienne. Versoix compte environ 700 habitants.

En 1824, Versoix se développait, les chemins étaient entretenus. Trois fontaines distribuaient l’eau à la population.

Le port resta désert, et les pierres de son entablement servirent de matériaux de construction pour la construction de la jetée au Port de Versoix en 1854.

Port Choiseul, basses eaux 1921

1950, Versoix à 2500 habitants.

1962 / 63         Reconstruction de Port-Choiseul comme port de plaisance.

1999    Versoix est devenue une ville avec plus de 10’000 habitants, soit environ          230 ans plus tard !

2009    environ 13'000 habitants…. Le souhait du duc de Choiseul est exaucé !

Versoix, une ville à la campagne !

Superficie : 1055 ha

Altitude :         372 à 470 mètres

Cours d’eau : la Versoix, qui fait frontière avec le pays de Gex.

                          Le lac

Nombre d’habitants : environ 13'500

Entreprises principales : Fabrique de chocolat Favarger,

             Collège du Léman

                                        Laboratoire de recherche –Integral Science Data Center-Ecogia

                                        Centre de formation CICR

                                        Observatoire de Genève à Sauverny

 

Michèle Blanchard / APV. mardi 16 février 2021



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