PAPETERIES AU LONG DE LA VERSOIX - Bristlen
Le premier moulin à papier recensé en Suisse est celui de Marly (Fribourg), en 1411. Briquet, historien du papier, mentionne le premier moulin à papier à Genève, près d'Allemogne, en 1426. La copie d’un contrat de 1459, conservée aux Archives de l’Etat de Genève (P.H. 5072), nous apprend qu’alors Nicolas de Menton, seigneur de Versoix, possédait une papeterie sur la rivière à Saint-Loup. Elle était située au sud-ouest et au-dessous du château. Aucune trace du battoir n’existe de nos jours sur ce terrain morcelé. Le 13 octobre 1602, Jean Savyon, seigneur conseiller de Genève, est propriétaire du domaine et amodie son battoir à papier de Saint-Loup à Maurice, fils de feu Jean Gallopin, de Thoirier, pour la somme de 500 florins l’an. C’est la première location connue de la papeterie Savyon. Le 11 mai 1634, Reymond Savyon amodie son battoir aux frères Pierre et Jean Grasset de Dardagny, pour le prix de 400 florins l’an. Par cet acte, les frères Grasset s’engagent à vendre exclusivement tout le papier d’impression, dit missel et longuet, qu’ils feront durant trois ans, durée de la location, au sieur Pierre Chouet, marchand bourgeois de Genève et ce au prix de 34 sols la rame, pesant chacune au moins huit livres et demie. Par contre sieur Chouet se porte garant de leur solvabilité vis-à-vis de Savyon. J. Franconis, propriétaire du moulin à papier de Saint-Loup (Versoix), reçoit en 1706 l'autorisation officielle d'employer comme filigrane l'écusson de Genève. Le filigrane de l'écusson de Genève est toutefois déjà connu dès 1560. Vers la fin du 17e siècle, la famille d’industriels Caproni, établit des papeteries à Divonne. Jean et Jacques Caproni, de la papeterie de la Serra (lac du Bourget), vinrent s’établir à Divonne en 1675, profitant de la révocation de l'édit de Nantes et du départ des calvinistes de la contrée, pour s'y établir comme manufacturiers. L'occasion était favorable, le culte des protestants était proscrit. Il ne leur restait que deux temples : l'un à Sergy, et l'autre à Ferney. Il fallait choisir entre le catholicisme ou l'exil ; plusieurs familles préférèrent tout abandonner, patrie, propriétés, industrie, plutôt que de se soumettre aux croyances de la religion romaine. Les nouveaux propriétaires s'acquirent, par leur probité, une telle réputation, que le nom de Caproni devint en quelque sorte synonyme de papier dans le pays de Gex. Au début du 19e siècle, on appelait encore tabatière à Caproni un cornet de papier à tabac ou à tout autre usage : on trouve aussi son nom dans la transparence des papiers de cette époque. On mentionne , en 1753, un deuxième moulin à papier, qui était situé à l'endroit de l'actuelle chocolaterie Favarger. Ce moulin appartient au même propriétaire que Saint-Loup. Les activités de Saint-Loup seront abandonnées en faveur de ce nouveau moulin. Une longue querelle au sujet des droits d'eau durera de 1800 à 1862. Deux canaux pour les châteaux de Crans et de Coppet, dont les propriétaires sont le ministre Necker et la Baronne Germaine de Staël, drainaient l'eau lors des sécheresses et empêchaient toute activité des moulins le long de la Versoix. Une décision de la Cour impériale de Lyon de 1862 mettait fin à cette querelle. Il est difficile de s'imaginer l'importance économique de la Versoix à cette époque. Les moulins suivants étaient en fonction: Grilly: huile - Martinet: blé - Sauverny: blé - Pont de Sauverny: blé (le plus grand du XIXe siècle)- La Barouche: blé - La Bâtie: papier jusqu'en 1874. Ce moulin était déjà équipé d'une machine à papier et d'une forge - Richelien: turbine qui fournissait Versoix en lumière électrique avant 1900 déjà.- Saint-Loup: plus vieux moulin, respectivement usine à papier dans la région - Beauvallon: situation de la dernière fabrique de papier - Versoix-Bourg: 2 moulins à blé, 2 scieries, 1 écorceuse, 2 moulins à huile (noix et colza), 1 usine de verres de montres et bouteilles. PAPETERIE DE VERSOIX Après le Congrès de Vienne en 1816, Versoix, qui était française jusqu'à ce jour, est attribuée à la République de Genève comme lien terrestre entre Genève et la Confédération helvétique. En 1837, J.L. Bristlen, en homme prévoyant qui a appris le métier en Russie, achète le moulin à papier. L'année suivante, une nouvelle usine est construite, elle est équipée d'une première machine à toile longue importée d'Angleterre. L'usine est totalement détruite par un incendie en 1847. Nouvelle construction en 1848.
Facture Bristlen 1878, collection privée
Lettre de demande de renseignements pour l'achat d'une machine à couper le papier, 1870. Collection privée En 1874, rachat d'une machine à papier utilisée à l'usine de la Bâtie (Versoix) qui a des problèmes financiers et cesse son activité. (Cette usine appartenait aux mêmes propriétaires que les usines de La Sarraz et Clarens près de Nyon). 1938. Nouvel incendie qui détruit le bâtiment principal. 1952. Transformation en S.A. et rachat par la Holzstoff A.G. Bâle. Fin de la tradition familiale des Bristlen. Versoix était durant plus de cent ans (5 générations) en leur possession. 1954 Construction nouvelle usine Extrait du Journal de Genève du 2.07.1954 1956. Inauguration d'une nouvelle usine. 1965. Rachat par Litton Industries, Beverly Hills U.S.A. Nouveau concept. Comme première papeterie en Suisse, Versoix commence la production en continu (24/ 24, 7 / 7) 1983. L'usine revient en mains suisses 2000. La Papeterie de Versoix est déclarée en faillite le 17 avril 2000, cette société est liquidée et radiée en 2005. Sources: archives Patrimoine versoisien - Interactive MEDIA 1998 - P.V. Papeteries de Versoix S.A.
La Papeterie de Versoix vers 1956 avec son accès à la voie ferrée. Lors de la construction de cet accès, un effondrement de la dalle causa la mort d'un ouvrier et en blessa plusieurs autres. En arrière plan, les bâtiments de l'ancienne usine.
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