FOIRES DE VERSOIX
Le projet de Versoix-la-Ville au XVIIIe siècle, bien qu’inachevé, nous a laissé une belle place séparée de la route de Suisse par une lignée d’arbres. La Place Bordier fait aujourd’hui fonction de parking et certains, dit-on, y construirait volontiers des bâtiments. C'était autrefois la place de la Liberté de la petite commune de Versoix-la-ville où avait lieu les marchés, foires et assemblées populaires. La place est encore jalonnée de bornes portant des encoches qui supportaient des barres en bois auxquelles on attachait les bestiaux les jours de foire. En 1792, en plein enthousiasme révolutionnaire, on y planta un Arbre de la Liberté. Les Archives départementales de l’Ain nous disent qu’après 1730, un arrêt autorisa un marché mensuel et quatre foires hebdomadaires à Versoix.
Les procès-verbaux de la commune apprennent que sous la domination française à l'époque où le citoyen J.-M. Mégard y remplissait les fonctions de maire, la création de foires avait reçu une demande le 23 pluviôse de l'an IX de la République (novembre 1801). Cette demande transformée le lendemain en pétition avait été adressée au citoyen d'Eymard, préfet du département du Léman. L'affaire étant restée sans réponse qu’une délégation de Versoix s'est rendue à la prélecture. A sa grande surprise elle apprit le 15 pluviôse de l'an X (1802) que ladite pétition avait été égarée. Que restait-il à faire ?... Renouveler la demande. L'an XI (1803) le citoyen L.-A. Brun étant maire, aux termes de l'arrêté du gouvernement du 25 prairial quatre foires sont accordées à Versoix : la première le 14 fructidor (correspondant au 1er septembre) la seconde le 19 brumaire (11 novembre) la troisième le 23 nivôse (14 janvier) ; et la quatrième le 8 floréal (28 avril). Ces foires avaient lieu sur la place de la Liberté entre la douane et la frontière suisse ; leur durée était de deux jours francs. Les foires de Versoix sont annoncées pour la première fois dans le Messager boiteux de 1807 ; elles avaient lieu (ainsi que cela a été dit) eu janvier, avril, septembre et novembre. Plus tard il n'y en eut plus que deux : janvier et septembre. Le journal suisse d’agriculture de Jean-Marc Lullin rapporte que la foire au bétail de Versoix se déroulera au mois de janvier, avril et septembre 1812. Ces dates resteront fixes chaque année. Sont venues ensuite les années 1814 à 1816 ou Versoix fut tour à tour occupé par les armées française, autrichienne et suisse ; son corollaire a été une situation très précaire ou plutôt la ruine de la localité — qui selon un document officiel conservé aux archives de Versoix manquait alors de « faculté » — ce mot devant dans le cas particulier signifier : absence de moyens pécuniaires. Un semblable état de choses avait eu pour résultat d'entraîner la suppression des foires dès et y compris 1819. Les Etrennes helvétiennes et patriotiques, éditées à Genève, annonce la Foire de Versoix pour l’année 1820 alors que, de 1826 à 1837, l’Almanach de Lausanne publie la liste des marchés et foires et que celles de Versoix se déroulent le 14 janvier, 1er septembre et 11 novembre. Les foires dont la date tombe sur un dimanche sont reportées au lendemain. A la date du 21 août 1822 M. J.-X. Tissot premier adjoint (la place de maire étant vacante) on rétablit quatre foires par an : le premier mercredi de mars et le dernier mardi de juillet, septembre et novembre. Le Conseil décide eu outre de tenir ces foires sur la grande place, d'y établir des bancs de pierre et des bancs en bois (disparus depuis longtemps). Le 11 novembre 1838, M. J.-B. Vandelle étant maire on retrouve derechef une demande de rétablissement de foire. Sans trouver trace des motifs de leur suppression, il est permis de supposer qu'elles furent abandonnées parce qu'elles présentaient des inconvénients pour les propriétaires voisins qu'elles venaient de temps à autre troubler dans leur heureuse quiétude. Le 20 mai 1865, M. Balthasar Berger étant maire, surgit une nouvelle demande de rétablissement de foire faite par M. J.-F. Deshusses. Le 4 juin suivant, le Conseil arrête trois foires l'an avec allocation de 50 centimes par tête de gros bétail et de 25 centimes pour le petit. Le projet n'a jamais été mis à exécution et une commission composée de MM. Decré, Dubois, Deshusses , Roussel et Lany parait n'avoir jamais présenté son rapport. Pourquoi ? La cause en est ignorée. Les éleveurs et leur bétail. Image d'illustration En 1898, après cette interruption, le Conseil municipal a décidé le rétablissement des foires au bétail à Versoix. Il y en aura deux par année. La première aura lieu le 20 octobre 1898. Le Conseil dispose d'une somme de 400.-francs à accorder en primes. Il note qu’il est regrettable que les mesures prises par le département fédéral de l'agriculture empêchent totalement nos voisins du pays de Gex d'amener leur bétail. Le Conseil espère que l'an prochain, les causes d'interdiction n'existeront plus et que toutes facilités pour l'entrée du bétail par le bureau de douane de Sauverny seront accordées. Deux ans plus tard, le succès est au rendez-vous, le total du bétail amené est de 161 pièces, dont 88 vaches, 12 taureaux, 24 génisses, quatre bœufs, 28 porcs, quatre moutons, une chèvre. Les vaches, génisses et taureaux sont, généralement, de très beau choix, et les Vaudois ont emporté beaucoup de primes. Le pays de Gex est toujours fermé. Un repas de vingt couverts a réuni à midi, chez Pavid (restaurant Le Pavillon), les principaux intéressés. M. Dégallier, maire de Versoix, a rappelé les divers succès des nouvelles foires de Versoix, réintroduites depuis deux ans environ et aux agriculteurs de prouver aux autorités, par leur présence, leur intérêt à ces foires. En 1905, pour la foire de printemps, il a été amené 64 têtes de gros bétail et 33 têtes de petit bétail. Les transactions ont été assez bonnes. A midi, un banquet réunissait, au restaurant Marti, le Conseil municipal et M. Besson, président du département de l'intérieur. Au dessert, M. le maire, après avoir souhaité la bienvenue à M. Besson, a réclamé à nouveau qu'on fasse, à titre d'essai, un concours cantonal à Versoix, concours qui a lieu régulièrement dans d'autres communes. M. Berger, adjoint, a fait des vœux pour la réussite des concours itinérants réclamés par M. le maire. M. le conseiller d'Etat Besson a l'impression que les foires de Versoix offrent de très sérieuses garanties de réussite et de durée ; il promet que son département fera son possible pour aider la commune de Versoix dans la réalisation de ses désirs. En 1912, la Foire a encore lieu et il est accordé 1 franc à chaque tête de bétail qui sera amené sur le champ de foire de Versoix. Le Concours de bétail à Versoix du 1er octobre 1923, réunit 122 têtes de bétail, l’année suivante on ne comptait que 78 têtes. Les Archives départementales de l’Ain nous disent qu’après 1730, un arrêt autorisa un marché mensuel et quatre foires hebdomadaires à Versoix. Le journal suisse d’agriculture de Jean-Marc Lullin rapporte que la foire au bétail de Versoix se déroulera au mois de janvier, avril et septembre 1812. Ces dates resteront fixes chaque année. Les Etrennes helvétiennes et patriotiques, éditées à Genève, annonce la Foire de Versoix pour l’année 1820 alors que, de 1826 à 1837, l’Almanach de Lausanne publie la liste des marchés et foires et que celles de Versoix se déroulent le lieu les 14 janvier, 1er septembre et 11 novembre. Les foires dont la date tombe sur un dimanche sont reportées au lendemain. En 1898, après une interruption, le Conseil municipal a décidé le rétablissement des foires au bétail à Versoix. Il y en aura deux par année. La première aura lieu le 20 octobre 1898. Le Conseil dispose d'une somme de 400.- francs à accorder en primes. Il note qu’il est regrettable que les mesures similaires prises par le département fédéral de l'agriculture empêchent totalement nos voisins du pays de Gex d'amener leur bétail. Le Conseil espère que l'an prochain, les causes d'interdiction n'existeront plus et que toutes facilités pour l'entrée du bétail par le bureau de douane de Sauverny seront accordées. Deux ans plus tard, le succès est au rendez-vous, le total du bétail amené est de 161 pièces, dont 88 vaches, 12 taureaux, 24 génisses, quatre bœufs, 28 porcs, quatre moutons, une chèvre. Les vaches, génisses et taureaux sont, généralement, de très beau choix, et les Vaudois ont emporté beaucoup de primes. Le pays de Gex est toujours fermé. Un repas de vingt couverts a réuni à midi, chez Pavid (restaurant Garneret), les principaux intéressés. M. Dégallier, maire de Versoix, a rappelé les divers succès des nouvelles foires de Versoix, réintroduites depuis deux ans environ et aux agriculteurs de prouver aux autorités, par leur présence, leur intérêt à ces foires. L'entrée de Joli-Port sur la place Bordier. Au premier plan les installations de gymnastique. En arrière plan, Joli-Port avant sa démolition en 1956. Archives APV/F3 En 1905, pour la foire de printemps, il a été amené 64 têtes de gros bétail et 33 têtes de petit bétail. Les transactions ont été assez bonnes. A midi, un banquet réunissait, au restaurant Marti, le Conseil municipal et M. Besson, président du département de l'intérieur. Au dessert, M. le maire, après avoir souhaité la bienvenue à M. Besson, a réclamé à nouveau qu'on fasse, à titre d'essai, un concours cantonal à Versoix, concours qui a lieu régulièrement dans d'autres communes. M. Berger, adjoint, a fait des vœux pour la réussite des concours itinérants réclamés par M. le maire. M. le conseiller d'Etat Besson a l'impression que les foires de Versoix offrent de très sérieuses garanties de réussite et de durée ; il promet que son département fera son possible pour aider la commune de Versoix dans la réalisation de ses désirs. En 1912, la Foire a encore lieu et il est accordé 1 franc à chaque tête de bétail qui sera amené sur le champ de foire de Versoix. Le Concours de bétail à Versoix du 1er octobre 1923, réunit 122 têtes de bétail, l’année suivante on ne comptait que 78 têtes. L'armée utilisait le site pour lors de ses exercises, dépôt de matériel et bivouac étaient organisés sur la prairie de la place. Les Foires de Versoix se sont-elles espacées après la première guerre? Nous n'en avons pas trouvé trace. Cependant entre les deux guerres, la place de foire était, selon des témoignages, animée par des ventes d'animaux et diverses marchandises, les vendeurs louaient leur emplacement. Les écoliers s'y rendaient pour pratiquer les cours de gymnastique ou jouer au football, les barres fixes et le saut en longueur y était pratiqués. Lors des fêtes villageoises, les cortèges partaient de cette place engazonnée. La construction du port Choiseul et l'afflu des automobiles créé par ces nouvelles installations obligea les autorités à transformer la place de foire en parking. Georges Savary, janvier 2021 scriptorium.bcu-lausanne.ch e-newspaperarchives.ch |
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