CIRESIA
L’INDUSTRIE DE LA CIRE A VERSOIX La construction de la ligne du chemin de fer Genève-Versoix et de sa gare, mise en service le 18 juin 1858, a profondément transformé ce quartier de Versoix. Son agrandissement en 1912 et la construction de la halle aux marchandises ont donné de nouvelles facilités aux entreprises existantes et à celles qui se sont installées sur les terrains avoisinants. Les entreprises Constant Jonas GIROUD, diamantaire, s’établit à Genève en 1886. Il installe, dans une maison qu’il achète à l’entrée de Versoix, l’usine fondée à Fleurier en 1852. A son décès en 1897, son fils William Giroud y construit une villa et un atelier et déménage l’entreprise de taille de pierres fines : Société Gertis. Vers 1914, William Giroud avait abandonné la taille des pierres fines et s’était reconverti en fabricant de cire à parquet, sa société fut reprise par M. Tchamkerten qui exerça cette activité que très peu de temps. Marguerite et Williams Giroud. Archives APV
La villa Giroud et l’atelier Gertis. Archives APV
Boîte de cire. Archives APV-OBJ084 E1 La « Compagnie Industrielle Cirésia, Société générale de Raffineries » s'est constituée en 1909. Cette société ayant pour but la fabrication, le commerce, les concessions de mines étrangères, la vente des produits cires, cérésines, ozokérite et carnauba et d'une manière générale toutes les opérations concernant les produits cires et paraffines. Son siège est à Versoix. L'assemblée constitutive a nommé deux directeurs qui sont MM. Antoine Bel et Frédéric Rathgeb. L'usine Cirésia et la maison Gertis en arrière-plan. Archives APV En été 1908, se fonde sous la raison sociale de « Société genevoise des Produits Perfecta » une société qui a pour objet l'acquisition et l'exploitation d'une fabrique de cires pour meubles et parquets, dissolvants et couleurs et spécialement la continuation des affaires de la fabrique de cires Nicolet et Bel à Versoix. Le siège de la société et l’usine sont domiciliés au chemin J.-B. Vandelle. Le capital social est fixé à la somme de 60 mille francs. Le conseil d'administration est composé de MM. Antoine Bel, Marius Nicolet à Versoix et Louis Druz
Boîtes de fer blanc. Archives APV -OBJ084 E2-E3 William Beday était l’un des fondateurs de Cirésia, cette société était domiciliée en France voisine et avait une succursale à Bobigny/Aubervilliers, près de Paris, puis à Versoix. En 1914, son frère Ferdinand prend la direction de la fabrique de Versoix. En 1933, Ferdinand Beday passa les commandes à son fils Gustave qui dirigea la fabrication jusqu’à son décès en 1953. La fabrication Monsieur Auguste Dumas, employé de la Cirésia pendant près de 40 ans, nous a fait le récit de son travail effectué dans cette usine. La matière première arrivait par le train en gare de Versoix. Certains produits étaient emballés dans de la toile. Madame Alice Beday nous a confié qu’après avoir l’avoir soigneusement lavée, elle utilisa de cette toile comme couches pour ces enfants. D’autres matières conditionnées en sacs de 75 kg étaient transbordées sur un char à bras, ce dernier était un char de vigneron utilisé autrefois pour le transport du raisin dans la vigne, il fait actuellement partie du décor d’un restaurant de Versoix. Inscription sur le plateau du char de la Cirésia. Photo G. Savary Les ouvriers tiraient le lourd char jusqu’à l’usine toute proche de la gare aux marchandises, non sans difficultés. La CIRESIA utilisait jusqu’à 80 tonnes de paraffine par an, que de voyages avec la charrette ! Publicité dans la Tribune de Genève, 1907. e-newspaperarchives.ch Divers éléments étaient utilisés : la cire du Brésil appelée « carnauba » - pour faire de l’encaustique solide - qu’on travaillait pour obtenir une cire blanche ceci avec de l’acide sulfurique, la cire d’abeille qui était raffinée et transformée en barres de 1 et 2 kg, l’ozokérite noire comme du pétrole, provenant des champs pétrolifères de Roumanie, devenait jaune claire une fois raffinée. Généralement, la cuisson se faisait le matin, le moulage et le conditionnement l’après-midi. Une fois la cire raffinée, les employés la puisait pour la reverser dans des moules refroidis par l’eau, disposés sur de grandes tables. Toutes ces préparations étaient distribuées aux droguistes pour une grande part (produits d’entretien) ou comme la résine de pin appelée « colophane », qui une fois mélangée à la paraffine, partait aux câbleries de Neuchâtel et Cossonay pour l’enduisage des câbles. Des rondelles de paraffine de 6 cm de diamètre étaient également produites pour les confiseurs. Les préparateurs faisaient tous ces mélanges à l’œil, et au bruit de la cuisson dans les chaudières ; la connaissance du métier était très importante et on essayait sans cesse d’améliorer les produits et les moyens de fabrication. Par exemple le remplacement des cuves métalliques par des cuves en pitchpin évita la coloration de la cire due à l’oxydation provoquée par le métal. Malheureusement, l’utilisation du chlore pour le blanchiment de l’ozokérite, ceci sans protection, intoxiqua gravement M. Gustave Beday qui fut brûlé aux poumons par les émanations toxiques qu’il avait respiré. A la suite de cet accident, les cires venaient de Hollande déjà blanchies et pour les cires colorées, des acides en paillettes évitaient l’émulsion. L’usine de Versoix ferma ses portes en 1977. Les bâtiments connurent plusieurs affectations : atelier de serrurerie, magasin de TV et Hi-Fi, pour abriter aujourd’hui un garage et un pub. La couleur de la bière remplaçant celle de la cire d’abeille. Publicité dans la Tribune de Genève, 1907. e-newspaperarchives.ch
Georges Savary, février 2021 D’après les récits de Madame Alice Beday et Monsieur Auguste Dumas, Echo de Richelien,1999 Villa Giroud à Versoix, Claude François Béguin, 2007 |
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