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Plan de la Nouvelle Ville de Versoix

Plan de la Nouvelle Ville de Versoix dressé par Ordre de la Cour par Mr Querret inspecteur de France.

Fait par Jean Heberlé, Arpenteur Bourgeois de Rolle, demeurant rue de la Rôtisserie N°97 à Genève le 13 septembre 1791

Ce plan de grande taille 145 x 180 cm, fait partie des collections conservées par l’association Patrimoine versoisien, il en cours de restauration. Voici quelques mots sur les hommes qui sont à l’origine de ce plan et de ses copies.

Jean Querret est un authentique Malouin, né à Paramé, près de St. Malo, le 18 janvier 1703. Son père et ses ancêtres paternels sont de St. Servan, paroisse de St. Malo, depuis au moins 1610. Il est apparenté à Danycan, l'un des armateurs les plus célèbres de la ville. Trois de ses oncles étaient architectes, entrepreneurs, maîtres-maçons selon les chantiers. Il est donc, à la fois, un homme de mer, l'une des plus rudes qu'il soit, et un bâtisseur. Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées de la généralité de Franche Comté. Il s'était distingué en 1735 par la construction du pont de Gray sur la Saône et du pont de Port-sur-Saône (Haute-Saône) de 1750 à 1758 ainsi qu'en 1753 par celle du pont Louis XV de Dole sur le Doubs, de sept arches de 17 à 20 mètres d’ouverture. (cf. F.-P.-H Tarbé de Saint-Hardouin, Notices biographiques sur les ingénieurs des ponts et chaussées, 1884, p 32)..

C'est à cet architecte qu'est confié, en 1774, l'étude d'un projet pour la construction de Versoix-la-Ville. Querret n'a été que le technicien, il n'a même sans doute jamais rencontré Voltaire. Il remanie et redimensionne le plan de Bourcet qui reflète désormais des préoccupations principalement civiles : promenade, places, jardins, bâtiments publics.

Querret est également géographe, il est l'auteur d'une carte du Comté de Bourgogne (1748), dressée avec Cassini et Maraldi, où figurent, pour la première fois, toutes les voies de communication importantes.
Malgré son orientation (le haut de la carte indiquant le sud-est) ancienne et surprenante pour le XVIIIe siècle, cette œuvre remarquable fut longtemps la carte officielle de l'administration comtoise. Perrod, 1934.‎

La Ville de Versoix a donné le nom de "Ilet Querret" à un nouveau groupe d'habitation. Le projet de quartier prévoit de réaménager ce secteur de Versoix situé entre la route de Suisse, le chemin des Graviers et le chemin Huber-Saladin.
Le périmètre est d’une superficie d’environ 16 000 m² et est constitué de 31 parcelles. Le projet prévoit de réaliser quelque 90 logements, 1000 m2 carrés d'activités et de redynamiser la vie de quartier, ainsi que les espaces extérieurs. Il s’agit du seul îlot qui a été réalisé dans le plan de ville de 1772 par Jean Querret et à une forte valeur patrimoniale. En 1774, sous le règne de Louis XV, Jean Querret était ingénieur en chef des Ponts et Chaussées de la généralité de Franche-Comté dont dépendait Versoix, alors en territoire français. Jean Querret fut chargé de construire Versoix-la-Ville pour concurrencer Genève. Du plan établi à cette fin, seule la partie correspondant à l'actuel secteur route de Suisse, chemin des Graviers et chemin Huber-Saladin fut réalisée. Les quelques propriétés du lieu composant un hameau, ou îlet, la nomination Ilet Jean-Querret s'est en quelque sorte imposée d'elle-même. Le périmètre est en zone de développement 4A protégée. Direction du développement urbain

Qui était Jean Heberlé ? Dans son fascicule "Origine des familles bourgeoises de la-Tour-de-Peilz" de V. Magnin (Klausfelder Vevey 1935), l’auteur nous dit ceci :

« D'après l'Armorial Vaudois, de M. D. L. Galbreath, héraldiste à Baugy sur Clarens, paru en automne 1934, beaucoup d'armoiries de familles ont été créées à la fin du XVIIIe siècle ou dans la première moitié du XIXe, Elles sont signées le plus souvent du nom de Jean Heberlé, arpenteur à Rolle (ou à Genève), entre les années 1790 et 1800(…) Heberlé ne s'embarrassait pas de recherches généalogiques ; pour lui la famille dont il dessinait les armoiries descendait toujours d'une des plus anciennes qui soient, comme dans les contes de fées, originaire de Venise, Dijon, Anjou ou Montauban, et issue au moins d'un gentilhomme, seigneur ou chevalier ; et neuf fois sur dix cette origine honorifique est en contradiction absolue avec le résultat de nos recherches aux Archives. Nous nous permettons de mettre en garde nos amis les bourgeois de La Tour contre de telles affirmations. Plusieurs d'entre eux d'ailleurs nous ont dit eux-mêmes leurs doutes sur la réalité d'une si flatteuse descendance. »

Comme indiqué au bas du plan, ce dernier a été copié le 5 avril 1892 d’après le plan appartenant à Monsieur le docteur P. Dunant.

Pierre-Louis Dunant est né le 11 novembre 1834 au Petit-Saconnex, mort à Cologny le 2 octobre 1918. Protestant, de Genève. Etudes de médecine à Paris (1854-1860), doctorat en 1863. Agrégé de la Société médicale de Genève (1863), il fut professeur suppléant d'hygiène à la faculté des sciences (1873), puis, dès la création de la faculté de médecine (1876), professeur ordinaire (1876-1889). Fondateur et médecin de l'asile pour convalescentes de Pressy (Vandœuvres). Avec le professeur Jean-Henri-Adolphe d'Espine, il rédigea en 1881 un projet de loi fédérale sur les épidémies, loi entrée en vigueur en 1886. Nombreux travaux et articles relatifs à l'hygiène, la démographie, la statistique médicale et les épidémies.

Le plan a été copié à nouveau et agrandi 4 fois pour Monsieur Léopold Micheli, en 1906. Conservateur de la Bibliothèque publique et universitaire de la ville de Genève, L. Micheli est décédé le 23 juin 1910 à la suite d’un accident lors de ses vacances à Pouldu, en Bretagne. Voici l’hommage qui lui est rendu dans la Tribune de Genève du 26 juin 1910 :

« Robert-Max-Léopold Micheli dont les ascendants, dei Mercindenti, étaient de Lucques, naquit à Genève le 27 octobre 1877. Elevé à Genève il termina ses études à l'Ecole des Chartes de Paris d'où il revint avec une thèse sur les " Institutions municipales de Genève au XVème siècle ».

Appelé à la Bibliothèque publique et universitaire en 1904 il ne tarda pas à accepter les fonctions de conservateur des manuscrits puis de conservateur ; il travailla immédiatement au classement de nombreux manuscrits et notamment de documents espagnols du temps de Philippe II. Il a passé de longues et laborieuses heures en collaboration avec M. le directeur même de cette bibliothèque.

M. L. Micheli faisait paraître dans le Bulletin hispanique. " L 'inventaire de la collection Ed. Favre " (manuscrits espagnols) ; de plus il a édité à l'époque du jubilé de Th. de Bèze " Abraham sacrifiant ", plaquette. Il a collaboré activement à la publication des Mémoires et Bulletin de la Société d'histoire et d'archéologie de Genève ; il a aidé M. le professeur Borgeaud dans la publication de divers travaux. M. Léopold Micheli faisait servir ses voyages de vacances à ses études favorites d'histoire et de linguistique. Il y a deux ou trois ans, il avait acquis la connaissance de la langue espagnole et se familiarisait avec la grandiose et étonnante apogée de ce pays sur les terres duquel le soleil ne cessait de se montrer, tantôt dans l'un, tantôt dans l'autre hémisphère terrestre. On espérait beaucoup des labeurs, des études, et surtout de l'affabilité de ce voyageur, qui rapportait plus que de vagues souvenirs.

Cette année-ci, M. L. Micheli partit le 21 juin pour Le Pouldu, petit village à 14 kilomètres de Clohars-Carnoët, département du Finistère. Le Pouldu est dans une situation charmante ; la rivière descend de Clohars dans une longue série de bocages verdoyants ; le pays est beau et l'anse du Pouldu estuaire de la rivière offre une excellente plage pour les baigneurs. Le vieux fort le fort de Loc, quelques habitations non éloignées St-Julien Kerselec font de cette partie du Finistère ce que l'on a appelé l’Arcadie de la Bretagne. Et c'est dans cette Arcadie dans cette anse du Pouldu que nous avons bien le droit de détester que cet homme jeune, plein d'avenir bienfaisant, ce chef estimé de ces subordonnés, cet ami intelligent qui savait tout comprendre, c'est dans ces flots de l 'Océan que Léopold Micheli venant à peine de revoir sa femme bien-aimée ses trois enfants chéris, est allé perdre une vie à la fois si utile, si chère et si florissante. Cette nouvelle s'est répandue comme une vapeur sombre sur la ville. D'où venait cette rumeur ? On ne savait rien de certain avant midi le 24. On doutait on espérait encore. Hélas ! Les télégrammes, nets, censés, cruels, avaient apporté le nom et le prénom de celui que nous pleurons. E.G. »

Au bas du plan, à gauche, se trouve le timbre du bureau d’architectes G. Revillod et M. Turrettini qui serait à l’origine des 4 copies agrandies.

Gustave Revilliod (1877-1961) et Maurice Turrettini (1878-1932) exercent leur métier d'architecte à Genève. Associé depuis les débuts, ils ont fondé l'agence Revilliod et Turrettini. Ils construisent de nombreuses usines dont celle de la société Piccard-Pictet et Cie SA, aux Charmilles qui est une entreprise d'automobiles. Ils s'occupent de la restauration de l'Hôtel des Bergues et de la transformation ou reconstruction de nombreuses banques dont celle du Crédit suisse à Genève.

Georges Savary, décembre 2021

 

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