LES BOULANGERS A VERSOIX
Jusqu’ä la fin du XVIIIe siècle, les trois quarts des habitants achètent leurs grains ou leur farine et font cuire leur pain au four public. Un quart de la population achète son pain chez les boulangers. Nous ne connaissons pas l'existence d’un four à pain public à Versoix mais plusieurs boulangers tenaient boutique dans le village.Un double four à pain a été construit en 1753 dans l’angle sud-est de la basse-cour de la ferme Lullin, le plus grand domaine agricole de la commune. Le boulanger Ravel.Ami Ravel, le grand père du musicien Maurice Ravel est connu grâce à la notoriété de son petit-fils. Aimé (ou Ami) Ravel est né à Collonges-sous-Salève en 1800, il vint à Versoix où il exerça la profession de boulanger. Il acquit la nationalité suisse en 1834. De son mariage avec une jeune fille du pays, Caroline Grosfort, il eut cinq enfants : Pierre-Joseph (le père de Maurice), Marie, Alexandrine, Louise et Edouard. Cette famille était propriétaire de la petite ferme de St Loup (anciennement chez Ravoux) et de terrains vers les Gravines. Son magasin était situé à l'angle de la rue des Boucheries et de la rue de l'Industrie. Il sera acheté par Victor Bally.
. A gauche, boulangerie Ravel démolie en 1949 pour permettre l'élargissement de la rue de l'Industrie que nous voyons au centre de l'image.. Photo site internet Cartier Chez Ravoux, emplacement du four à pain Selon un acte notarié du 14 mars 1857, Caroline Grosfort a vendu tous les fonds immeubles qu'elle possédait à St Loup, dont une place sur laquelle existe un four (actuellement chemin des Franconis).La ferme du domaine de St Loup possédait aussi un four à pain qui fut utilisé jusque dans les années 1950 par le fermier Eugène Piccot. La boulangerie Cartier C’est le fondateur André Cartier qui, en 1858, achète à son nom l’autorisation d’exploiter le commerce à Versoix, à l'angle de la rue des Boucheries avec la rue de l'industrie, dans lequel il est ouvrier depuis 10 ans, boulangerie Bally. Soutenu par sa femme Victoire, il travaille de manière acharnée durant une décennie. Après le décès d’André, c‘est son épouse, aidée de son fils John, qui continue de faire vivre le commerce . André et Victoire
Après quelques années de collaboration avec sa mère, c’est John Cartier qui reprend les commandes du magasin et succède à ses parents, aidé de sa femme Joséphine. De leur union naissent Auguste, André, Edmond, Marie, Thérèse et Gabrielle.
John et Joséphine En 1905, le fils aîné Auguste Cartier, épaulé par sa femme Alice, perpétue l’exploitation du commerce. Grâce à un apprentissage à Paris, à sa grande force de travail et à l’implication de son épouse Alice, un nouveau souffle est donné à l’héritage familial. La maison Cartier connaît alors un grand essor et commence à jouir d’un rayonnement dans la région. Auguste donne naissance à un fils unique, Jean Auguste et Alice Jean grandit durant l’essor de la maison Cartier et n’a qu’une seule volonté : travailler avec son père. Depuis son plus jeune âge, il joue dans le magasin, arpente le laboratoire familial et apprend le métier tout naturellement. C’est alors que la deuxième guerre mondiale éclate et les hommes sont mobilisés. Son épouse Suzanne tient donc le commerce avec ses beaux-parents jusqu’au retour de Jean en 1939. Jean et Suzanne
Huit ans plus tard, en 1947, Jean Cartier achète l’Hôtel du Lac et entreprend d’importants travaux pour y installer un magnifique laboratoire, un magasin moderne ainsi qu’un tea-room. Suzanne et Jean assurent la descendance et donnent naissance à trois enfants : Martine, Jacques et Jean Philippe. La nouvelle boulangerie, anciennement Hôtel du lac, vers 1947 Jacques Cartier est le seul à suivre la tradition ancestrale et après avoir effectué son apprentissage de confiseur-glacier-chocolatier à Genève, il rejoint l’entreprise familiale en 1963. Jacques et sa jeune femme Josyane donnent naissance à deux fils, Jean-Jacques en 1966 et Marc-André en 1967. Les deux enfants Cartier ne verront que très peu leurs grands-parents à l’ouvrage ; en effet ceux-ci prennent leur retraite en 1969 laissant place une nouvelle fois à la jeune génération. Jean-Jacques et Marc-André grandissent au cœur des traditions de la famille Cartier et c’est tout naturellement qu’ils décident de faire un apprentissage de pâtissier-confiseur-chocolatier-glacier. Mais ils n’en restent pas là : Jean-Jacques se perfectionne à l’École Hôtelière de Genève et Marc-André poursuit une formation pointue à l’École Hôtelière de Lausanne avant d’effectuer un stage aux Etats-Unis. Ils ne cessent de repousser leurs limites et partent alors apprendre auprès des plus grands, comme Fauchon et Lenôtre à Paris. Jean-Jacques et son épouse Katia exploitent le tea-room Les Régates, au bord du lac. Dès 2005, Marc-André et son épouse Antonella, inspirés par leurs passions et leurs voyages, se concentrent sur le développement de la chocolaterie et de la pâtisserie. En 2014, Marc-André saisit l’opportunité du redéveloppement urbain du centre de Versoix et ouvre sa propre boutique sur une nouvelle esplanade appelée Le Boléro. Il y présente ses créations chocolatées et pâtissières sous le nom « Marc-André Cartier, chocolatier ». Le 5 novembre 2021, un violent incendie détruit le tea-room « Les Régates », mettant un terme à l’activité versoisienne de la famille Cartier. Boulangerie TavernierAdrien Tavernier exploite une boulangerie établie à la place L.-A. Brun depuis la fin du XIXe siècle. En 1898, son épouse Aline, mère de deux fillettes meurt à l’âge de 34 ans. Le 11 novembre 1900, la cheminée bistrée prend feu et cause de gros dégâts au bâtiment. Adrien décède lui aussi quelques années plus tard, en 1904. « Six cents personnes l’ont accompagné à sa dernière demeure. Au cimetière, M. Estier de Sauverny, en quelques paroles émues, s'est fait l'interprète de ses nombreux amis pour dire un dernier adieu à cet homme de bien. »
Vers 1920
Devant la boulangerie, à droite, Pauline et Joséphine Portay, blanchisseuses dans la rue voisine. vers 1920 . Coll. particulière Boulangerie MarcuardAlexis Marcuard rachète la boulangerie vers 1930. Alexis Marcuard cuisait son pain dans le vieux four à bois. Un laboratoire pour la pâtisserie occupait une autre partie du bâtiment. Les sacs de farine étaient stockés dans un local à l’abri de l’humidité. Le combustible dans une remise en bois, contigüe à la boulangerie. Une chambre à lessive complétait l’installation
Publicité vers 1940. APV
La boulangerie Marcuard vers 1940. Les rues de Versoix 1980 . A la suite du décès de son mari, Madame Adèle Marcuard géra son entreprise avec son fils Pierre et son boulanger Philippe Cortinovis. Ce dernier repris l'affaire et installa un four moderne à la fin des années 1960, le vieux four fut alors démoli. Quinze jours après avoir été éteint, il était difficile de marcher sur sa voûte tant la chaleur conservée par la maçonnerie composée de plusieurs épaisseurs de briques réfractaires et de sable était encore élevée. A la suite de la construction du nouvel immeuble de la rue de l'Industrie en 1977, Ph.Cortinovis déménagea son affaire dans ces nouveaux locaux. Quelques années plus tard, il l'a remit au boulanger Patzelt qui la céda à son tour à A.Monod. Boulangerie Pouly-MordasiniA la rampe de la gare, H. Pouly puis Jules Mordasini et ensuite son fils Emile, réalisaient pains et viennoiseries. Située près de l’école, cette boulangerie permettait aux enfants de se ravitailler en bonbonneries diverses. Elle cessa son activité dans les années 1980.
Boulangerie BürkCe bâtiment rural, comme ses voisins, a été transformé en 1869 par l'entrepreneur Papis. Les propriétaires sont Jean-Théophile-Alphonse Bürk boulanger, et son épouse Sophie-Catherine Kretschmann, originaires du Würtenberg. Ils étaient propriétaires d'un immeuble à Vernex-Montreux qu'ils mettent en vente en 1870.
L'arcade nouvellement aménagée en café-boulangerie avait son four à pain à l'arrière du bâtiment. Jean-Théophile-Alphonse Bürk (1836-1904) exploite ce commerce jusqu'en 1901. Ernest Béborre lui succède, ses spécialités sont le pain vaudois et les petits pains de Rolle.. Le boulanger vend aussi des confiseries qui ne sont pas de sa fabrication. Rappelons que deux manufactures de confiseries de renommée internationale étaient établies à Versoix: Degailler-Deshusses et Courvoisier et Cie. Au décès de Théophile, son fils Alexis et son beau-fils Petrus Drivet (1867-1927) lui succèdent et paye 60.- francs de taxe pour l'année 1904. Ce dernier sera plus tard nommé buraliste postal de Versoix, remplaçant à ce poste son père Jacques, en 1912. La boulangerie Burk vers 1915
Annonce dans le Journal de Genève, 26.02.1880
Annonce dans le Journal de Genève. 1905
Georges Savary, octobre 2022
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