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QUAI DE VERSOIX

Alors qu’à Berne, le projet de construction du tunnel ferroviaire du Saint-Gothard était à l’étude, à Versoix une autre idée faisait son chemin : la construction du quai.

Nous sommes en 1861, lors de la séance du Grand Conseil du 5 juin. Le député et maire de Versoix, Antoine Riondel, défend le projet de construction d’un quai à Versoix. Il faut dire que les assauts du lac, lors des grosses bises de l’hiver, rongent toujours un peu plus la grève et menacent les propriétés et la route Suisse. Le Conseil d’Etat propose au Grand Conseil d’allouer une somme de 40000.- francs à la Commune de Versoix sous la condition expresse qu’elle fournira au reste de la dépense, soit par des souscriptions, soit par des allocations à son budget, soit par un emprunt avec amortissement.
Deux devis pour deux projets différents sont proposés, le premier pour un quai de 12 mètres de largeur coûtant 127000.- francs, l’autre pour un quai de 10 mètres devisé à 97000.- francs.
Les discussions sont animées, le maire Riondel et J.-F. Deshusses trouvent l’aide de l’Etat insuffisante pour des travaux qui lui profitent en premier, James Fazy pense qu’au contraire, la commune serait la principale bénéficiaire de cette construction. La séance est ajournée.

Ces échanges reprendront dans les séances suivantes mais seront plusieurs fois reportés après des débats houleux. Il faudra attendre 1886 pour que les travaux commencent. C’est alors que le maire Jean François Deshusses propose de créer un chemin entre la gare et la route de Suisse, pour faciliter l’accès des chars à la gare des marchandises. L’industriel joue ainsi sur les deux tableaux, les matériaux provenant du terrassement serviront à combler le quai et les marchandises provenant de sa manufacture de confiserie transiteront plus facilement vers le chemin-de-fer.

C’est ainsi que cette nouvelle artère communale fut baptisée « Le Gothard » par analogie au percement du tunnel du même nom. Alors que le deuxième tunnel du Gothard vient d’être percé, à Versoix, l’avenue Jean-François Deshusses vient d’être bouchée par les nouveaux aménagements de Versoix Centre-Ville.

Pose de la première pierre du quai.

Lundi 26 septembre 1887 a eu lieu la pose de la première pierre angulaire du nouveau quai. A trois heures, les autorités municipales, auxquelles s’étaient joints MM. Carteret et Gavard, conseillers d’Etat, ainsi qu’un certain nombre d’invités, dont le représentant des ouvriers, se sont rendus sur l’emplacement.
La jeunesse des écoles, sous la direction de M. le régent Chevalley, a ouvert la cérémonie par un chœur patriotique exécuté avec beaucoup de grâce et d’ensemble. La boîte traditionnelle, renfermant les documents législatifs et communaux relatifs au quai, des pièces de monnaie suisses et les documents historiques sur Versoix publiés par M. Fontaine-Borgel, a été placée dans sa niche, puis recouverte de ciment, et les ouvriers ont procédé au placement du beau bloc taillé qui le recouvre.
M. Deshusses, maire, a rappelé les phases de cette construction et émis l’espoir qu’elle serait complétée sur toute la longueur de la bourgade. Son discours a été vivement applaudi.
M. Léchet, président du Grand Conseil, et M. Gavard, conseiller d’Etat, sont venus ensuite témoigner les sentiments de leurs corps respectifs à l’endroit de l’œuvre entreprise par la commune de Versoix, soit comme garantie contre l’élément dévastateur, soit comme embellissement. M. Gavard a parlé en très bons termes de la nécessité de l’union de tous les citoyens et habitants pour la prospérité matérielle et intellectuelle du pays.
Un beau chœur à clos cette simple cérémonie, ensuite de laquelle les invités ont été courtoisement accueillis dans la campagne de M. Roux.
 

Recherches et documentation Georges Savary

Photos: Déchargement des pierres de Meillerie lors de la dernière étape de la construction du quai en 1903. Archives APV

Archives le Temps-Journal de Genève 28.09.1887
 

 
 
 
 


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