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TAILLEFER A.

A. Taillefer, dentiste-mécanicien.De la jambe de bois à la jambe bionique.
 

Chaque année, des dizaines de milliers de personnes perdent une extrémité de membre par amputation. La maladie, les accidents, les guerres avec leurs armes anti-personnelles nécessitent cette opération délicate. Au début du XIXe siècle, les risques de décès étaient encore très importants. Nous devons au célèbre médecin et chirurgien genevois Jean-Pierre Maunoir (1768-1861) des progrès importants dans ce domaine. Son combat pour une pratique rigoureuse de la chirurgie avec une méthode appropriée, sauva la vie de nombreux patients. La réalisation de prothèses adaptées se développait également. La mécanisation des bras et des jambes artificielles avec leurs derniers perfectionnements apportèrent un nouveau confort aux personnes amputées.
 

Un centre orthopédique à Versoix

La Revue encyclopédique publiée à Paris en 1828, nous informe de l’ouverture prochaine à Versoix, d’un établissement orthopédique : « Genève. — établissement orthopédique. — M. A. Taillefer, habile dentiste-mécanicien, dont nous avons déjà eu à citer les bras, les mains et les jambes mécaniques à articulations, qu'il a confectionnés avec tant de succès, vient d'ajouter à son atelier de mécanique un établissement orthopédique qu'il a placé à Versoix, dans la situation la plus agréable, sur le bord du lac Léman. Imbu des principes physiologiques sur lesquels repose la véritable orthopédie, M. Taillefer emploie son talent de mécanicien bien moins à construire des appareils tendant à redresser la colonne vertébrale par une force plus ou moins graduée, qu'à fabriquer diverses machines propres à développer la force musculaire de telle ou telle partie du corps qui a cessé de jouer suffisamment le rôle d'antagoniste, et par conséquent de soutenir dans la rectitude naturelle une série de petits os qui ne trouvent de véritable appui que dans les muscles qui les maintiennent dans leur rapport mutuel. Ainsi, dans son établissement, qui offre une large pelouse et des bosquets pour les exercices gymnastiques pendant les jours de beau temps, un vaste salon et une galerie couverte pour les jours de pluie ou de vent, M. Taillefer a disposé plusieurs espèces de balançoires et de machines rotatoires auxquelles seront nécessairement ajoutés divers jeux propres à exercer l'un ou l'autre bras. Les lits sont construits de la manière la plus hygiénique, et seront modifiés suivant chaque cas; mais M. Taillefer eu bannit les appareils qui torturent les enfants mal conformés, plutôt qu'ils ne les redressent et ni les guérissent. M. Taillefer recevra des enfants de tout âge dont les genoux et les pieds seraient déformés, et construira pour chacun d'eux les machines propres à redresser leurs articulations; les parents pourront se reposer sur ses talents et sur ses soins journaliers pour l'application de ces appareils et leurs modifications individuelles. L'établissement contient des salles de bain et des douches qui pourront être rendues médicamenteuses au besoin. Les voyageurs qui ont parcouru les bords du lac Léman peuvent seuls se former une idée de l'agrément de la situation de cet établissement, d'où l'on jouit de la vue du Mont-Blanc et de celle du Jura. Les personnes qui voudraient ne pas quitter leurs enfants jouiraient dans leurs moments de loisirs de charmantes promenades sur le lac, et pourraient très aisément aller visiter l'ancienne demeure de Voltaire et celle de Madame de Staël, qui ne sont l'une et l'autre qu'à une très petite distance de Versoix. P. ». Jean-Pierre Maunoir, dans son Mémoires sur les amputations, l'hydrocèle du cou, et l'organisation de l'iris, parle en ces termes de M. Taillefer : « Il y a 7 à 8 ans que j'amputai la cuisse de Tetzler (…)la guérison eut lieu par première intention, et M. Taillefer, dentiste-mécanicien , a fait pour ce brave homme , et d'après un modèle anglais, une jambe artificielle , très légère et très solide, susceptible de tous les mouvements d'un membre vivant, et que personne ne soupçonnerait être artificielle. J'ai amputé, il y a peu de temps, le poignet à la femme Jeannette Renaud ; la réunion a été faite par première intention ; le même mécanicien lui a fait une main tout-à-fait semblable en apparence à l'autre, dont les doigts exécutent tous les mouvements naturels ; il y a même flexion et extension spontanées de l'index et du pouce, au moyen de l'extension et de la flexion, exercée de l'avant- bras sur le bras. J'ai ajouté cette note pour signaler cet artiste distingué aux infortunés qui peuvent avoir besoin de son talent ».

Sources : Revue encyclopédique, Paris 1828, Mémoires sur les amputations, l'hydrocèle du cou, et l'organisation de l'iris, Jean Pierre Maunoir Genève 1825
 



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