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FALLER CHARLES 1891-1956

Charles Faller est né à Genève le 9 juin 1891, mort le 23 septembre 1956 à La Chaux-de-Fonds.

  

Photo: http://www.cmne.ch/navigation-institution/portrait/histoire/

Hommage rendu dans la Gazette de Lausanne du 7 juillet 1966 pour les dix ans de sa mort:

Charles Faller fit ses études musicales au Conservatoire de sa ville natale sous la direction d'Otto Barblan et d'E. Jaques Dalcroze. Organiste à Versoix où il officie entre 1906 et 1912, à Lyon et enfin au Locle, il dirige à la fois le chœur paroissial du Locle et la Société chorale de la Chaux-de-Fonds. Il fonde en 1927 le Conservatoire de La Chaux-de-Fonds et l'Ecole de musique du Locle. En 1929 il est nommé au poste d'organiste de la Cathédrale de Lausanne ; il fonde le Chœur Faller et crée la Société des concerts de la Cathédrale sans abandonner pour autant son intense activité dans les montagnes neuchâteloises. Il construit les orgues du Temple du Locle, de la Cathédrale de Lausanne et de la nouvelle Salle de musique de La Chaux-de-Fonds.

Charles Faller fut le véritable musicien-humaniste, tel que le connurent l'époque de la Renaissance ou celle de J.-S. Bach, capable de marquer de son empreinte la vie d'une cité ou de tout un territoire. Je lui marque une reconnaissance qui ne s'affaiblira pas: Il m'a fait connaître alors que j'étais encore enfant et adolescent, par ses innombrables concerts d'orgue, l'œuvre de J.-S. Bach et beaucoup d'autres chefs-d'œuvre du répertoire. Il maniait, avec une habileté extrême, le vieil orgue romantique de la Cathédrale dont le mécanisme était malaisé et l'acoustique dé-plorable. Il savait en tirer un parti remarquable et m'a appris l'une des lois essentielles de l'interprétation: l'art d'ordonner les détails en cette vision à la fois mystérieUse et lucide qui est la réalité de l'ensemble. Esprit d'une curiosité inlassable, Charles Faller a fait connaître à ses contemporains l'immense répertoire de l'orgue. Enfin il a interprété, pendant plus de trente ans, les grands chefs d'œuvre du répertoire choral : cantates, passions, "Messe en si* de J.-S. Bach, oratorios de Haendel, messes de Mozart et de Beethoven. Il a créé des œuvres contemporaines, notamment de compositeurs suisses. Esprit d'une vive intelligence et d'une extrême courtoisie, il alliait l'humour à la finesse. Surtout il possédait ce rayonnement qui fit de lui à la fois un initiateur et un réalisateur. J. P.

Hommage neuchâtelois à Charles Faller. Journal de Genève du 29.09.1956.

En mai de cette année, quand nous avons vu et entendu Charles Faller, pour la dernière fois, conduire avec une souveraine autorité l'oratorio « In terra pax » de Frank Martin, quand nous avons joint nos applaudissements à ceux d'une foule comblée qui faisait une véritable et interminable ovation au grand chef neuchâtelois, il nous a semblé — était-ce un pressentiment ? — que la Chaux-de-Fonds et tous les amateurs de musique qui remplissaient l'admirable nouvelle Salle de musique, rendaient une sorte d'hommage triomphal et reconnaissant à Charles Faller. La modestie du grand musicien était mise à dure épreuve, mais il fallait que sa valeur, son rôle, son prestige soient enfin hautement publiés. A la tête de ses deux sociétés chorales du Locle et de La Chaux-de-Fonds et des musiciens de l'Orchestre de la Suisse romande qu'il avait tant de fois conduits aux plus nobles succès, entouré de solistes éminents, dans cette salle si parfaitement réussie, où ne manquaient plus que les grandes orgues, dans cette ville de La Chaux-de-Fonds qui lui doit une bonne part de son prestige musical, Charles Faller récoltait un peu de ce qu'il a semé si généreusement. Et l'œuvre prophétique de Frank Martin n'était-elle pas digne de ce dernier message de Charles Faller?

On ne saurait dire en quelques lignes tout ce que le pays de Neuchâtel doit à Charles Faller, longtemps organiste au Locle et animateur, avec le pasteur Charles Ecklin, de la vie musicale de cette cité. Fidèle au grand répertoire classique, aussi bien à l'orgue qu'à la direction des chœurs, Charles Faller était ouvert à toute la musique moderne, qu'il a fait pénétrer largement dans le public musical du canton. Il a dirigé de nombreuses premières auditions. Et Honegger et Frank Martin, pour ne citer que ces deux noms, avaient en lui un fervent interprète. (Il avait créé à Neuchâtel le « Nicolas de Flue » d'Arthur Honegger et Denis de Rougemont). Organiste de la cathédrale de Lausanne depuis de nombreuses années (il avait succédé à Albert Harnisch), il venait d'inaugurer, il y a quelques semaines, le magnifique instrument rénové de cette église, aux cultes et aux concerts de laquelle il apportait le prestige de son grand talent et de ses dons d'exécutant. Ses dons étaient d'ailleurs multiples : compositeur, chef, organiste, pédagogue, il était le remarquable directeur du Conservatoire de La Chaux-deFonds, auquel il a donné un brillant essor. L'homme, enfin, était à la hauteur du musicien, et laisse le souvenir d'une éminente personnalité. La musique, en terre neuchâteloise, est singulièrement appauvrie par la mort de Charles Faller qui, en servant son art avec tant de ferveur, a servi noblement son pays. J. V.

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