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GASPARD GUSTAVE 1840-1913

Gustave Gaspard, ancien curé catholique-national de Versoix, est décédé le 6 février 1913 aux Pâquis. Il était agé de 72 ans. Le défunt a été un prêtre fidèle de l'Eglise catholique-nationale de Genève. Né le 11 août 1840 à Loudun, en France. M. Gaspard fit ses études au grand et au petit séminaire de son diocèse et ordonné prêtre en 1866. Il entra dans la congrégation de la Maison d’Orléans. Il fut missionnaire pendant dix ans.

En janvier 1876 il vint à Genève pour se mettre au service du mouvement catholique-chrétien. La rupture du Père Hyacinthe Loyson avec l'Eglise catholique-romaine, déjà avant le concile du Vatican de 1870 qui décréta d'infaillibilité du pape, fit réfléchir beaucoup de prêtres et les confirma dans le libéralisme religieux.

M. Gaspard fut élu curé de Versoix où il resta jusqu'au 1er janvier 1909 le jour de l'entrée en vigueur de la loi de séparation. Il se retira en ville où il ne cessa de s'intéresser à la cause catholique-chrétienne. Marié en 1876, il est père de 6 enfants, le défunt eut la douleur de perdre en 1901 son fils aîné et en février 1905 sa fidèle compagne.

Voici ce que nous dit l’auteur de « Histoire de la persécution religieuse à Genève » 1878 :

« L’élection, ou plutôt, pour employer le mot généralement usité à Genève, « la farce électorale » de Versoix eut lieu le 30 avril 1876. Sur cent quarante-sept électeurs inscrits, vingt et un vinrent déposer un bulletin pour l’apostat Gustave Gaspard, prêtre girovague, originaire du diocèse de Poitiers. Jamais peut-être élection schismatique n’avait été plus laborieusement préparée. Quatre communes y participaient : Genthod, Céligny, Sauvernier et Versoix. Et sur toute cette population, à force de promesses et de séductions, on avait recruté vingt et un votants, parmi lesquels des hommes ayant femmes et enfants protestants. Autrefois un ministre protestant était allé faire un prêche de propagande au centre de Versoix ; les habitants lui signifièrent de ne pas revenir à la charge, et il comprit. Le nouveau ministre protestant, déguisé sous un faux nom, est cette fois repoussé tout aussi solennellement que le premier. Mais voici la gendarmerie pour l’installer. Le 5 mai l’église et la cure furent crochetées. Le maire, écoutant trop la voix des prudents qui tenaient à le conserver, évita de se faire destituer, par une certaine connivence avec les crocheteurs ; c’est le seul qui n’ait pas conquis son décret de révocation sur la porte de l’église. Mais le curé, M. Guillemin, paya pour lui ; il fut accusé d’avoir soustrait quelques objets de l’église ; ses appartements furent fouillés ; on y trouva un cierge pascal et une loque de tapis noir, le tout ne valant pas plus de dix à douze francs. M. le curé fut condamné à trois mois de prison. Il fut, pendant ces trois mois, confondu avec les criminels, travaillant avec eux, portant l’uniforme de la prison et subissant le régime commun, ne pouvant recevoir des visites qu’une fois par mois. Il ne reçut qu’une fois la visite d’un prêtre qui lui porta la sainte communion, et ne put pas entendre la messe une seule fois, le culte schismatique ayant seul accès dans la prison. Les offices de Versoix se font dans la maison de Mme la baronne Girod. »

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 Histoire de Versoix, J.-P. Ferrier



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