recherche
Laboratoire de métallurgie générale et produits chimiques de Versoix

La Tribune de Genève du 25 août 1895 nous fait part d’une découverte qui paraît devoir être importante pour les horticulteurs et les agriculteurs en général.

Le directeur du laboratoire de métallurgie de Versoix M. Eugène Courvoisier a fait connaître après deux années de recherches et d'essais un produit qui paraît être infiniment supérieur à ce que l'on a jusqu'ici pour la destruction des parasites nuisibles aux plantes. Ce produit qui a reçu le nom de Mildiol est inoffensif et ne fait aucun dépôt sur les feuilles ni sur les fruits. Non seulement il détruit les insectes et les champignons parasites mais il agit encore comme préservatif il suffit d'une seule pulvérisation pour éloigner les insectes de la plante et empêcher les spores de se développer.

Le rédacteur du Jardinier suisse journal de la Société helvétique d'horticulture de Genève a fait avec le Mildiol des expériences qui lui paraissent assez concluantes pour engager ses confrères à en faire de pareilles afin de s'assurer par eux-mêmes de son efficacité et pour

Une image contenant texte, Police, capture d’écran, noir et blanc

Description générée automatiquement

 

recommander ce produit antiseptique et désinfectant comme bon pour l'horticulture. Mais il y a plus encore, il paraît que pour la vigne, il remplacerait avantageusement le sulfate de cuivre lequel en se mêlant en quantité plus ou moins considérable à l'organisme des plantes pénètre dans le vin et exerce une action nuisible sur la santé des consommateurs. Peut-être même est-on sur la voie de trouver le moyen si longtemps cherché de détruire le phylloxéra.

Cependant les avis divergent sur ce produit. M. H. Peiler propriétaire à Commugny écrit une lettre à la Tribune :

« Dans le numéro du 14 courant de la Revue de Lausanne je lis un article concernant le Mildiol et je ne puis m'empêcher de vous demander l'hospitalité de vos colonnes pour les lignes que voici :  Je me sers déjà depuis quelque temps de cet antiseptique pour mes arbres fruitiers vignes etc. et j'ai vu avec quelle facilité on peut détruire les petits insectes les champignons gênant an développement des plantes etc. Je suis heureux d'avoir un produit autre que la « bouillie bordelaise » car je suis fatigué du sulfate de cuivre qui gâte nos vins. En outre je n'ai plus les difficultés de la longue et onéreuse préparation de cet ingrédient qui obstrue constamment les grilles de nos pulvérisateurs. Aussi je conseille à tous les agriculteurs soucieux de leurs intérêts de ne pas laisser échapper un moyen facile de destruction des parasites et je tiens mes jardins à la disposition de chaque visiteur pour constater le fait. »

Le professeur Dufour, directeur de la Station viticole de Champ de l’Air à Lausanne, déconseille l’emploi du Mildiol, dont les effets pour ainsi dire nuls, ont été, suivant le mode d’emploi, quelquefois fâcheux.

On a demandé de divers côtés à la Chronique agricole ce qu’il faut penser du Mildiol, nouveau remède contre le mildiou qui est offert dans les journaux par une fabrique de Versoix. D’après l’analyse exécutées au laboratoire de l’Institut agricole, ce produit ne contient seulement des matières goudronneuses ; il est donc plus que probable que le Mildiol n’aura pas d’efficacité réelle contre la maladie. Jusqu’à plus ample informé, la Station viticole déconseille l’emploi de cette substance sur la vigne. 

La raison sociale Eugène Courvoisier, laboratoire de métallurgie générale et produits chimiques, à Versoix, est radiée ensuite de son transfert à Bienne, au début des années 1900.

Georges Savary janvier 2024

 

 

 

 

 

 

 



<< retour